GALÁPAGOS : JOURNAL

SOMMAIRE :

  • Il était une fois ...

  • La Basilique des Galápagos

  • La croisière s'amuse

  • Visite des îles

  • Premières impressions sous-marines

  • Dauphins et requins

  • Curiosités sous-marines

  • Otaries à Cousin's Rock et la totale à Bainbridge Rocks

  • L'île Bartolomé et les manchots

  • Puerto Ayora : visite de la Station de Recherche Charles Darwin

  • En guise de conclusion

 

Il était une fois ...                

Quand je pense aux requins, un vieux souvenir me remontent en mémoire. J'avais peut-être sept ou huit ans à cette époque et avec ma mère nous avons été dans plusieurs librairies à la recherche d'un livre sur les requins. C'était une de mes passions, parmi d'autres comme la paléontologie, la minéralogie et déjà la pêche. Comme nous n'avions rien trouvé, à part le livre de J.-J. Cousteau, j'avais été fort déçu. Et dire que maintenant nous avons l'embarra du choix et que l'on peut même plonger avec un grand requin blanc !

Afrique du Sud                        Requin blanc   

Le film "Les dents de la mer" de Spielberg n'a fait que raviver cet intérêt. En 1988, j'achetais deux grandes dents de requin blanc puis plus tard une de Carcharodon megalodon, l'ancêtre géant maintenant disparu du requin blanc. Mais toujours pas l'ombre d'une occasion pour imprimer sur la rétine la silhouette d'un squalidé. J'avais pourtant l'occasion de nager dans les eaux de la Méditerranée, de Thaïlande, d'Australie et de Polynésie mais je n'ai jamais pris le temps de suivre un cours de plongée.

Jusqu'à cette fameuse croisière aux Galápagos  en 1991 que je partageais avec une famille allemande et deux Japonais. Ces derniers avaient payé pour pratiquer quelques plongées pendant la croisière avec le guide (M. Ottlik, biologiste allemand), également moniteur de plongée. Inutile de vous décrire mon supplice quand ils remontaient à la surface en racontant leurs rencontres avec des tortues, des requins de toute sorte... alors que je remontais comme une balle de ping-pong lors de mes tentatives de descente en apnée. Cela ne pouvait pas continuer. Le guide fut d'accord de me faire un baptême de plongée dans la célèbre baie de l'île Bartolomé, juste sous la célèbre "Pinnacle Rock", aiguille rocheuse de lave, accompagné pour la circonstance par les deux Japonais qui ont pris la peine de me photographier.

Cette première expérience m'a tellement enchantée que j'ai insisté pour que le guide me donne le cours complet après la croisière pour que j'obtienne mon brevet de plongeur PADI. Nous n'avons pas croisé de requins pendant les exercices mais comme l'entraînement se déroulait dans le port de Puerto Baquerizo, nous étions continuellement environné d'otaries curieuses qui venaient se moquer de mes maladresses aquatiques et jouer avec mes bulles. Quel spectacle pour un débutant ! 

Par la suite, je me suis perfectionné à Key West et je n'ai cessé de pratiquer la plongée au minimum une fois par année à l'occasion de croisière dans le monde entier. Ce retour à la source de mes premiers ébats aquatiques était donc un "must" d'autant plus que les Galápagos offrent une biodiversité et un écosystème marins fort différents de tout ce que j'ai pu voir jusqu'à maintenant. En particulier, c'était l'occasion de croiser de grands bancs de requins marteaux et des requins des Galápagos ainsi que des dauphins.

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La Basilique des Galápagos :  iguane terrestre

Je regrette mais on ne pénètre pas dans l'Archipel des Galápagos comme une bande de touristes mal élevés dans la Basilique Saint Marc à Venise ! Vous êtes en effet sur la page traitant d'un lieu mythique qui stupéfia les pirates et les marins avant d'émerveiller les chercheurs. Avant de vous plonger dans l'univers de ces "îles enchantées", je vais tenter de vous en présenter quelques aspects. Pour ce faire, je tire mes renseignements du livre de Pierre Constant : "L'Archipel des Galápagos" 2ème éditions 1989. Pierre C. est le premier Français guide naturaliste du Parc National Galápagos. Il y est venu la première fois en 1980 et continue d'y vivre. C'est aussi un plongeur émérite et je recommande à tout plongeurs son livre richement illustré sur la faune sous-marine. J'ai pu constaté que son 1er livre avait été récemment réédité et mérite la même attention que ce dernier. Vous pouvez aussi vous référer aux informations de l'Encyclopédie Encarta 2000 que j'ai recopié à la page "infos pays" et aux très instructifs articles sur C. Darwin et l'adaption (biologie) de la même source et recopié à la page "infos divers".

Comme vous le savez peut-être déjà, les îles des Galápagos sont purement océaniques, c'est-à-dire sans lien avec le continent américain, et d'origine volcanique. La plate-forme des îles s'est constitué il y a environ 10 à15 millions d'années sur un "point-chaud" - une zone de faiblesse de la croûte océanique sous-marine en rapport à la tectonique des plaques - d'où s'échappait par moment du magma à l'origine des volcans, d'abord sous-marins, puis terrestres. L'âge maximum de ces îles est de trois millions d'années et l'île Isabela n'aurait que sept cent milles ans, un nourrisson en terme d'âge géologique. De formation similaire, l'archipel de Hawaï est âgée de vingt millions d'années et donc six fois plus "vieux" que les Galápagos.

Bien que toute jeune géologiquement parlant, les îles n'ont pas échappé aux glaciations du Pléistocène où la surface glaciaire pouvait être trois fois supérieure à celle que nous connaissons actuellement (10 % de la surface terrestre). Il s'ensuivit que le niveau des océans étaient 120 mètres plus bas qu'actuellement et que certaines îles étaient  reliées entre elles, permettant alors une libre distribution des espèces !

Bien que situé très exactement sur l'équateur, la confluence de plusieurs courants marins et la convergence d'alizés aux Galápagos expliquent ses caractéristiques climatiques. Je ne m'aventurai pas dans les détails pointus que vous pouvez lire dans le livre explicite sus-cité mais sachez tout de même que les Galápagos jouissent de deux saisons : la "garua" ou saison sèche de juin à décembre et la saison chaude ou pluvieuse de novembre à mai. En raison des courants froids de l'Ouest et du Sud-Est (de Humboldt), la faune sous-marine est particulièrement riche mais les plongées aventureuses en raison de ces courants et vents parfois très forts. Par ailleurs la température de l'eau, influencée par la saison et sa localisation, est plutôt froide, variant entre 17 et 27 degrés. J'en sais quelque chose, moi qui n'avait pas de combinaison en néoprène et que celle louée sur place ne m'allait pas. Par chance, les îles Wolf et Darwin bénéficient du courant venant du Panama au Nord-est et c'était encore la saison chaude de sorte que j'ai quand même pu faire toute les plongées avec ma combinaison en lycra, mais c'était limite et j'étais le seul à le faire. Avis aux amateurs !

Iles océaniques, ce sont les groupes d'animaux et de plantes munis d'un pouvoir aisé de dispersion qui ont eu les plus grandes chances de s'y développer si les conditions étaient favorables. La conséquence directe de ce  phénomène en est une flore et une faune déséquilibrée ou "disharmonique" par comparaison à l'aire continentale. "Les vertébrés dominants sont les oiseaux et les reptiles; les mammifères natifs sont très pauvrement représentés, les amphibiens et les poissons d'eau douce étant totalement absents. Chez les insectes, seuls les papillons et les scarabées sont largement représentés. De nombreux groupes d'oiseaux terrestres sont absents de l'archipel." (tiré de "l'archipel des Galápagos" de P. Constant). Cette disharmonie biotypique est également présente parmi les plantes. Les Galápagos sont aussi le "home" d'organismes que l'on ne trouve nulle part ailleurs au monde qu'ici comme : les iguanes marins et terrestres, les tortues géantes, les merles moqueurs, les mouettes de lave, les pinsons de Darwin, la colombe des Galápagos, le cormoran aptère, l'albatros et le manchot des Galápagos. Ce micro écosystème très particulier a été appelé "Vitrine de l'Evolution". Vous trouverez à la page "infos diverses" des articles sur la théorie de l'Evolution et l'adaptation des espèces.

Surtout, cet archipel et ses habitants ont eu l'immense privilège de ne pas être colonisé par l'homme. Certes, il y a bien eu des visiteurs amérindiens mais ils n'ont pas laissé de trace d'habitations ou d'autres structures. Les Polynésiens n'ont pas laissé de trace d'un éventuel passage, raison pour laquelle les Galápagos n'appartiennent pas au grand groupe des île polynésiennes. Après la découverte de l'Amérique par C. Colomb, ces îles ont bien servi de garde mangé pour les marins qui prélevaient les tortues terrestres, de cache à butin par les pirates, d'ère de chasse d'otaries à fourrure par les baleiniers anglais et américains et il y eu plusieurs tentatives d'établir une colonie qui ont toutes échouées jusqu'au XXème siècle en raison de l'isolement des îles et du caractère inhospitalier pour l'homme. Si la nature a déjà été modifiée par ces assauts répétés, les Galápagos ont cependant gardé tout leur unique attrait et mérite encore son nom "d'Iles Magiques Hors du Temps". Pour ma part, si je considère que la nature est ma cathédrale, permettez-moi de surnommer cet archipel, la "Basilique des Galápagos", un de mes hauts lieux de pèlerinage.

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La croisière s'amuse :               

Je passe l'épisode de mon arrivée en Équateur, décrit à la page du journal de ce pays, pour commencer mon récit à mon arrivée à Puerto Barquerizo. Nous devions normalement arriver à Puerto Ayora mais l'aéroport étant en travaux, nous avons atterri dans l'autre ville des Galápagos. Je fus d'emblée surpris de constater le développement de cette petite ville qui n'était qu'un village dix ans auparavant. Les pavés ont été enseveli sous le goudron et de nombreuses maisons ont été construite. Le port aussi a changé et il est maintenant envahi de bateaux, en partie à cause de la fermeture provisoire de l'autre aéroport. J'étais néanmoins content de reconnaître la pension Orca  où j'ai séjourné lors de mon 1er voyage (visible à ma droite sur la photo ci-dessous).

Étiqueté, compté et recompté afin que l'on ne se trompe pas de bateau, ce fut l'occasion de me rendre compte que nous étions quatorze participants à cette croisière, le maximum pour notre catamaran, et que comme au Fidji, j'étais la seule personne non Américaine. En effet, le bateau appartient à la société américaine"Aggressor fleet" et c'est donc tout naturellement qu'il est rempli en majorité d'Américains. Comme toujours, je vous laisse ses coordonnées : e-mail : galamazo@gye.satnet.net et son site Internet : www.galapagos-aggressor.com .C'était donc une nouvelle occasion de pratiquer mon anglais qui depuis s'est bien amélioré. 

Après nous être installé, l'équipage nous fut présenté. Nous avions deux moniteurs de plongée : Chris et Richard et surtout un excellent cuisinier. Je précise d'emblée que pratiquement toutes les photos sous-marines des Galápagos de ce site proviennent  de la croisière, pour la plupart de la vidéo sous-marine que Chris a fait pendant la croisière et des quelques clichés pris par Richard de .meilleure qualités Les deux m'ont autorisé à les produire dans ce site. Je souligne, si c'est encore nécessaire, la chance que j'ai eu d'utiliser les mêmes modèles de caméra et de vidéo (Sony pour la cité) ce qui me permet de vous présenter des images sous-marines. Le hasard a bien fait les choses dans ce cas. Il va de soit que les participants qui le souhaitaient ont pu acheter la cassette vidéo de leur croisière déjà toute montée à la fin du séjour, ce qui me permet de vous redire "prochainement sur votre écran" (comme pour la croisière à Fidji et aux Tuamotu).

Les consignes de sécurité libellées, notre itinéraire nous fut annoncé. Nous commencions dès le matin suivant par une petite plongée d'échauffement ... ou plutôt devrais-je dire de refroidissement car à San Cristobal, la température de l'eau est beaucoup plus froide qu'au Nord-est. Par la suite, comme je vous l'ai déjà mentionné, la plus grande combinaison en néoprène disponible aux Galápagos se révélât quatre fois trop petite. Même mes cuisses ne passaient pas !! Mais qui est donc l'uluberlu qui a définit les tailles pour les habits de plongée. Généralement je prends du huit (8) X ! Ma seule consolation dans cette histoire c'est que je n'avais pas besoin de porter une ceinture de douze à treize kilos et j'en avais même une des plus légères.

Bon, après ce refroidissement, nous sommes monté au Nord visiter l'île Plaza Sud et plus au Nord encore l'île Seymour que j'avais déjà visité lors de mon premier séjour. Nous avons ensuite navigué de nuit jusqu'à île Wolf tout au Nord-est et c'est à cet endroit que nous avons fait la majorité de nos plongées ainsi qu'à l'île Darwin, un peu plus au Nord encore. Inutile de dire qu'ici vous êtes loin de tout et tranquille à souhait car rare sont les bateaux touristiques qui ont la puissance nécessaire pour avoir le droit d'y venir. Par ailleurs, ces îles à l'aspect de monolithe rocheux entouré de falaises escarpées n'offrent aucune possibilité de débarquement (c'est par ailleurs fermé aux touristes). Il n'y a donc que les plongeurs qui viennent ici. Cet isolement amplifie aussi le danger d'un accident de décompression (ou autre) dont les difficiles conditions de plongée ne font qu'augmenter le risque (lié au froid, la fatigue et les courants violents). Comme diraient mes amis Français : "ce ne sont pas des plongées de tapettes". Au retour, nous nous sommes encore arrêtés à l'île Bartolomé, le berceau de mes aventures sous-marines, puis nous avons plongé à "Cousin's Rock " et "Bainbridge rocks". Avant de revenir à Puerto Barquerizo, nous avons naturellement visité Puerto Ayora, centre touristique des Galápagos, et la célèbre Station de Recherche Charles Darwin où sont, entre autre, élevés ces fameuses tortues terrestres. Voilà, c'était tout pour le programme dont l'itinéraire avait le mérite de me faire découvrir d'autres horizons que la précédente  croisière.

Les participants étaient composés de deux couples dont un en voyage de noce. Whit et Caroline étaient vraiment très sympathiques et j'ai beaucoup discuté avec eux. De manière générale, j'ai constaté que les Américains étaient très intrigués par mon voyage et sa durée car cela cadre mal avec leur cursus professionnel. Ils m'ont souvent répété une chose effarante à savoir que "si quelqu'un prend trop de vacances, il prouve par là que sa place n'est pas indispensable au fonctionnement de la société qui l'emploie" et il risque de perdre son job à un retour de vacances. C'est ce qui expliquerait que les Américains n'ont que deux misérables semaines de vacances par an au début. Pour moi c'est une hérésie car une entreprise doit être bénéfique pour le travailleur et non au saint bénéfice des actionnaires ! Aïe, je sens que l'on va me taxer de communiste. Je persiste et signe cependant car mon voyage m'a fait voir à de nombreuses reprises à quel point cette quête exagérée d'argent, cette rapacité devrais-je même dire, a amené les occidentaux à perpétrer les pires exactions envers son prochain et l'environnement ... pour finalement n'en faire profiter qu'une infime partie de la société.  Et qu'est-ce qu'ils font les Américains quand ils ne travaillent pas ? On m'a répondu qu'ils passent leur temps à faire du "shopping", à flâner dans les grandes, trop grandes surfaces commerciales et qu'en vacances ils vont dans des hôtels cinq étoiles, claquent un maximum de fric et ... s'ennuient sans leur travail. N'allez pas me taxer d'anti-Américain pour autant car je les apprécie autant que le reste de l'humanité et j'y ai rencontré des gens qui m'ont vraiment plus comme vous le constaterez en lisant mon journal d'Alaska et du Montana. Bien des Européens et surtout d'Asiatiques mériteraient les mêmes critiques que je formule ici. Les Américains ont seulement le malheur de pousser à l'extrême les caractéristiques négatives de la civilisation occidentale.

Le catamaran de la compagnie "Aggressor fleet" était par ailleurs équipé comme celui des Fidji, en plus petit cependant, et offrait boissons à volonté et possibilité de visionner des cassettes vidéos. Les cabines étaient spacieuses et confortables.

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Visite des îles :                         Tourterelle des Galápagos

Comme le but principal de la croisière était la plongée, nous n'en avons visité que deux en début de croisière : Plaza Sud et Seymour. C'est peu mais suffisant pour se faire une idée de l'écosystème des Galápagos et admirer la plupart des espèces. Une chose vous frappe d'emblée quand vous vous promenez dans cet archipel : les animaux sauvages n'ont pas peur de l'homme. En effet, la faune n'a été au contact de l'homme, et de manière sporadique au début, que depuis très peu de temps et les animaux n'ont, de ce faite , pas eu le temps d'"instinctualiser" la peur de notre espèce. Au-delà du grand nombre d'animaux endémique aux Galápagos, cette caractéristique lui donne ce côté paradisiaque et hors du temps unique à ce lieu. C'est ainsi qu'en vous promenant sur les sentiers balisés, vous devez faire attention de ne pas marcher sur un lézard des laves, ou bousculer un oiseau dans son nid. Je ne plaisante pas. Le zoom est ici parfaitement inutile puisque vous pouvez mettre votre objectif à cinq centimètres de leur bec sans qu'ils ne bronchent d'une virgule. Les fous à pattes bleus vous picoraient les mollets si vous vous approchiez trop près de leur nid. Maintenant, dites-moi où dans le monde en dehors des Galápagos, une telle expérience est possible ?

                                                  Fous à pattes bleues

En revanche, les animaux domestiques apportés par l'homme comme lex chevaux, les chèvres etc ... font l'objet d'une chasse intensive en vue de les exterminer et ils nous fuient comme s'ils avaient vu le diable en personne. Cela m'était arrivé avec des chevaux que nous avions entre-aperçu nous fuyant dans la brume de San Cristobal lors de mon premier voyage. C'est donc le monde à l'envers ici. Il me semble que l'effort est louable si le but est de freiner l'inéluctable sélection naturelle qui fera disparaître les espèces les moins adaptées. Le cormoran aptère par exemple a perdu la faculté de voler en raison de l'absence de prédateur et ses ailes sont de ce faite atrophiées. Avec l'introduction de chats et de chiens dont certains sont hélas redevenus sauvages, cette espèce endémique aux Galápagos est en voie d'extinction. Cette situation me rappelle la Nouvelle-Zélande où le même phénomène se produit sur une plus large échelle. Pour sauver quelques espèces comme le kakapo (gros perroquet ne volant pas) ou le Tuatara (reptile) (cf. Nouvelle-Zélande 1, île du Sud), il a fallu transplanter les derniers survivants sur des petites îles dépourvues de prédateurs.

Notre arrivée sur les îles est généralement salué par les grognements des otaries de Galápagos, encore une espèce qui comme les tortues terrestres endémiques à ici a fait l'objet d'une chasse impitoyable pour sa graisse et son huile par les baleiniers et failli disparaître. Ces aimables créatures ne sont absolument pas farouches et peuvent être approchées à un mètre mais gare aux mâles ! Ce sont ensuite les fous à pattes bleues qui vous accueillent de leurs sifflements aigus. Leur nom leur a été donné en raison de leur capacité à plonger d'une hauteur de quinze  mètres sur les poissons. Plus haut dans le ciel, les frégates déploient leur grandes ailes noires dont l'envergure atteint celle de l'albatros ! Véritable "pirates des mers", ils harcèlent en vol les fous jusqu'à ce qu'ils régurgitent leur pitance. Ils sont en effet incapable de plonger et cette technique est leur  principal moyen de subsistance. Cela donne lieu a d'impressionnants ballets aériens.

Frégate mâle            et juvénile          

Si l'année a été bonne et que vous avez de la chance, vous observerez peut-être des iguanes terrestres jaune-grisâtres et leur homologue marins noires (rougeâtres pour les mâles aux temps des amours). L' iguane marin est le seul lézard marin au monde. Contrairement à 1991, nous avons observé plusieurs iguanes terrestres et certains ont même été se percher en haut des buissons, ce qui est assez inhabituel pour l'espèce (cf. "curiosités")

Iguanes terrestres           et marins                

En bordure d'une falaise surplombant la mer, vous pourrez apercevoir le gracieux vol du phaéton (Paille en queue) ou plus lourd, celui du pélican brun, un des plus grand volatil de l'archipel. Beaucoup plus discret, une mouette à queue d'aronde vous lorgnera de ses grands yeux noirs et ne doit pas être confondue avec la mouette des laves. Cette une espèce principalement nocturne, nichant près des falaises de lave. Ses grands yeux cerclés d'un anneau rouge qui lui sert de sonar lui permet de chasser la nuit poissons et calamars sans rentrer en compétition avec le phaéton.

                                                 Mouette à queue d'aronde

Lors de mon premier voyage où nous avons visité les îles méridionales de Floreana et d'Española, nous pouvions voir des albatros des Galápagos, une des treize espèces endémique à l'archipel. Nous avions surpris un couple en pleine danse nuptiale. Ils se croisent le bec comme deux escrimeurs en duel, pointent la tête vers le ciel, ouvrent le bec puis le claquent bruyamment, et enchaînent à nouveau le duel amoureux. Cela nous a donné l'idée d'une nouvelle chorégraphie qu'avec les participants japonais nous avons testé à la fin du voyage dans une discothèque de Puerto Barquerizo. La "danse de l'albatros" était née.

              Pinson

Premières impressions sous-marines :                                  

C'est d'abord la fraîcheur de l'eau qui vous saisi, puis la lourde ceinture de plomb qui vous coule et que vous manquez de perdre. Comme sur terre, j'ai été d'emblée étonné par la faune sous-marine, fort différentes des mers chaudes. Plusieurs espèces sont d'ailleurs endémiques aux Galápagos. A nouveau, je vous recommande le livre de P. Constant sur la faune sous-marine.  Il n'y a pratiquement pas de coraux mais des roches volcaniques recouvertes de coquillages très coupantes qui rendent malaisée toute prise d'appui dans le courant, même avec des gants. Je n'ai pas vu de grandes algues comme au Cap (Afrique du Sud) ou à Tutukaka  (Nouvelle-Zélande, île du Nord) et l'aspect du fond m'a plutôt rappelé mes plongées à Nuku Hiva (îles Marquises).

Certaines espèces m'étaient familières comme les poissons perroquets, quelques chirurgiens, les poissons scorpions, et j'en passe, la liste étant trop longue à énumérer. Les plongeurs auront certainement le plaisir de reconnaître des espèce connues parmi les photos présentées que je rappelle, vous pouvez agrandir en cliquant une fois dessus.

Requin à aileron blanc (du lagon)

                 Pastenague

D'autres espèces magnifiques étaient une première pour moi comme le poisson-ange royal que je  ne me rappelle pas avoir rencontré auparavant. Le temps de s'adapter à la température, de trouver un minimum de confort dans le courant et déjà c'est l'heure de remonter car les plongées sont un peu plus courtes qu'en mers chaudes et durent  généralement 45 minutes. Par contre, nous pouvions effectuer quatre plongées par jour quand nous en avions le temps mais pas de nuit pour des questions de sécurité semble-t-il. Rare sont ceux qui font toutes les plongées proposées car nous sommes vite fatigués, même en plongeant au nitrox (mélange gazeux contenant plus d'oxygène).

                   

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Dauphins et requins :               Requin marteau à festons

Après une nuit de navigation jusqu'à l'île Wolf plus ou moins bien supporté, les vraies plongées ont vraiment commencé. Je précise qu'en 1986, la Réserve de Ressources Marines a été crée et "comprend les eaux internes de l'archipel, à laquelle surface a été ajoutée une bande de 15 milles nautiques (soit 28 km) qui s'étend des pointes extrêmes des îles" (P. Constant, livre cité). Les îles Darwin et Wolf sont comprises dans cette Réserve et la pêche commerciale y est formellement interdite. Malheureusement, leur éloignement et le manque de moyen de contrôle font que la loi est régulièrement violée. Les guides nous ont raconté que plus d'une fois ils avaient observé des bateaux de pêche en action et malheureusement, leur filet ne fait pas la distinction entre les poissons d'intérêts commerciales et les dauphins et requins.Notre croisière a eu la chance de ne pas assister a un tel évènement. 

Nos premières plongées eurent lieu devant la falaise Est où se concentre la majorité de la faune sous-marine en raison du fort courant. Mon coéquipier était Misha pendant toute la croisière, ce qui était une bonne chose car il était solide et a fait toute les plongées. J'avais aussi confiance en lui, ce qui est encore plus important car dans le courant et une visibilité limitée à quinze mètres, il était hors question de rester en groupe.  Si par ailleurs vous êtes emporté au large, la probabilité que l'on vous retrouve est extrêmement faible et les requins peuvent se faire alors insistant. Chris, un de nos moniteur de plongée, nous a raconté que cela lui était arrivé une fois alors qu'il était seul. L'île Wolf s'amenuisait et le bateau était vraiment très loin. Les requins des Galápagos ont commencé à lui tourner autour. Quand enfin le bateau l'a retrouvé, ils commençaient à buter contre ses palmes. l'histoire est authentique, avis aux amateurs ! Cela dit, il n'y a  pas d'attaque de requin répertoriée à ce jour.

Les premiers requins que nous avons vus étaient le requin des Galápagos (Carcharhinus galapagensis). Il ressemble au requin gris de récif dont vous avez vu de nombreuses photos au précédent journal, mais il est plus élancé et gracieux, peut-être un peu plus long que son cousin. Lui aussi vit en groupe. Je l'ai trouvé un peu sournois car il adore jouer à cache-cache dans ce dédale d'énormes pierres.

                   

Mais si les plongeurs viennent du monde entier aux Galápagos, c'est surtout pour voir des bancs de requins marteaux à festons. Ce n'est certes pas le seul endroit où ces grands rassemblements s'observent, mais les eaux de cet archipel offrent probablement les meilleures chances d'en observer. Au début, nous avons été un peu déçu car la turbidité de l'eau ne nous permettait pas d'en voir. Ils étaient là, à quelques dizaines de mètres de nous, et le banc nous envoyait systématiquement un de ses membres en éclaireur, mais nous n'arrivions jamais à en voire plus de deux à la fois. Jusqu'au jour où le miracle se produisit et alors là, je peux vous dire que vous en avez pour votre argent. Quel spectacle ! Encore, me direz-vous. Et oui, je vous répond. Il n'y a pas de doute qu'avec un "vol" de raie manta à proximité, les dauphins, le requin baleine et naturellement les yeux des poissons scorpions feuille, ce spectacle constitue un des grands évènements d'une vie de plongeur. Je vous laisse juger avec les photos ci-dessous.

                   

En parlant de dauphins, en voilà justement au moins une centaine qui se rapprochent de nous alors que le dinghy nous ramène au bateau. Ils ne sont nullement intéressé par nous et ne font que passer, comme ils le font tout les jours d'ailleurs. Mais ce jour-là, nous étions équipé et prêt au bon moment, alors nous avons sauté à l'eau devant le banc, exactement comme je l'ai fait en Nouvelle-Zélande à Kaikoura (cf. N-Z 2, île du Nord). Ce n'est cependant pas la même espèce et ici il s'agit du grand dauphin souffleur (Tursiops truncatus). Le temps de faire une photo et les voilà déjà loin. Ils sont beaucoup plus sauvages que ceux que nous avons vus aux Tuamotu.

             

Nous sommes restés en tout quatre jours dans les environs des îles Wolf et Darwin. J'ai particulièrement apprécié les plongées autour de l'Arche rocheuse près de Darwin et à la pointe Sud où la paroi offre de nombreuses grottes et des arches sous-marines très pittoresques. Je ne vous ai pas non plus parlé des tortues vertes (espèce marine), des bancs de raies léopards et de barracudas, des nombreuses murènes dont une albinos, des bancs de bonites, des soles, des pieuvres, etc ... mais vous pouvez toujours admirez les photos de ces espèces.

                   

Curiosités sous-marines :

Dans le domaine du petit, je mentionne encore trois raretés. J'entend par là non pas que ces espèces soient en voie de disparition mais simplement que les plongeurs ont rarement l'occasion de les observer. C'est ainsi que nous avons fait une plongée uniquement pour admirer le poisson chauve-sauris des Galápagos (Ogcocephalus darwinii). Ce petit poisson  ( ~15 cm ) vit sur les fonds sablonneux à trente mètres de fond. Il est vraiment curieux avec ses lèvres rouges criards et ces sortes de pattes. Si vous le dérangez, il se surélève du fond un peu comme un hélicoptère pour s'élancer en avant. Vu d'au-dessus, il a encore une bien plus curieuse apparence et quand il se "dandine" maladroitement, votre sourire vous fait prendre plein d'eau dans le masque.

              

La deuxième curiosité est déjà plus fréquente bien que beaucoup plus difficile à trouver qu'un poisson scorpion feuille ... c'est dire. Il existe deux espèces de poisson crapaud aux Galápagos mais celle que représente la photo correspond au poisson crapaud sanguin (Antennarius sanguineus) comme le montre sa couleur et surtout son iris zébré. Bravo à Richard pour la photo et surtout pour l'avoir trouvé. Il savait cependant qu'il se trouvait dans le coin car ce poisson d'à peine dix centimètres ne se déplace que très peu.

La dernière curiosité, vous la connaissez déjà depuis mes premières plongée aux îles Similan en Thaïlande. Je veux parler des hippocampes. Cette fois, nous n'avons pas eu besoin de chercher longtemps et de prendre des risques puisqu'il y en avait deux à quinze mètres de fond. J'ai beau avoir vu pas mal de choses sous l'eau, je persiste à être fasciné par ces petits êtres à la forme pour le moins originale. Si fragile et vulnérable, ils ont néanmoins réussi à survivre à l'Évolution. Savez vous que c'est le mâle qui protège les nouveaux-nés dès leur naissance dans une poche ventrale ? Vous avez dit étrange ?

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Otaries à Cousin's Rock et la totale à Bainbridge Rocks :

Sur le chemin du retour, nous avons encore eu le temps de faire deux plongées à Cousin's Rock pour faire nos adieux aux otaries. Nous les avons peu vus au Nord-est alors nous étions très contents de les revoir ici. Curieuses,  joueuses et pas du tout farouches dans l'eau, elles viennent vraiment très près de vous. Quelle agilité sous l'eau contrastant à leurs déplacements sur terre. Je vous fait grâce des superlatifs. Sachez tout de même qu'il en existe deux espèces aux Galápagos : l'otarie à fourrure qui fut presque exterminée au siècle dernier par l'homme et originaire de l'hémisphère australe, et l'otarie des Galápagos proche cousin de l'otarie de Californie que vous voyez ci-dessous.

                    

Les deux dernières plongées à Bainbridge Rocks de la croisière furent une apothéose. Ces deux rochers en arc de cercle sont les restes d'un mini cratère effondré à travers lequel le courant passe. En faisant le tour de cet entonnoir naturel, nous avons croisé successivement un banc de raies léopards, puis de raies mantas (enfin) et dans la passe, nous avons été pris dans un nuage de requins marteaux à festons,... la totale vous dis-je et peut-être parmi les meilleures plongées de mes six derniers mois et même de toutes mes plongées. Il me semble vraiment difficile de faire mieux en 45 minutes.

                   

L'île Bartolomé et les manchots :

La visite de l'archipel s'est terminée là où je l'avais commencée dix ans plus tôt, avec l'île Bartolomé. Elle est typique des Galápagos avec ses cônes de tufs, en bouse de vache, ses formations de scories et son sable volcanique noir. Du haut du volcan, c'est un réel paysage de désolation volcanique, digne des romans de Jules Vernes. Je me suis senti comme au début de la Création. "Vers l'Est on embrasse du regard une série de petits cônes d'éjections, donnant l'impression d'un désert rouge troué comme une passoire; vers l'Ouest, on ne peut que s'étonner de la beauté de l'isthme de Bartolomé, couvert de mangroves et frangé de deux petites baies de sable blanc. C'est là que s'érige "Pinnacle rock", une aiguille rocheuse (qui fût bombardée par les américains pendant la seconde guerre mondiale) qui donne tout son caractère à l'île" (P. Constant, livre cité).   

En toute logique, c'est à cet endroit que nous avons pris la photo de groupe de la croisière que vous pouvez voir en haut à droite.

Avant de quitter les lieux, nous avons encore fait le tour du pinacle rocheux pour rencontrer une petite colonie de manchots des Galápagos, endémique à l'archipel. Comme les otaries, il paraît plutôt maladroit sur terre quand il se dandine et se déplace par petits bonds. Mais dans l'eau, quelle agilité ! Il vient de loin puisque ses cousins vivent au sud du Chili et sur des îles proche de l'antarctique. N'est-il pas curieux de trouver des manchots juste sous l'équateur ? Cette particularité provient du courant froid de Humboldt qui passe par l'équateur et témoigne bien de la fraîcheur des eaux de ce lieu. Qu'on ne me dise pas par la suite que je ne vous avais pas averti !

                   

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Puerto Ayora : visite de la Station de Recherche Charles Darwin :

N'ayez crainte, votre lecture touche à sa fin (pour cette page du moins) mais je ne peux quand même pas passer sous silence les tortues terrestres qui ont donné le nom à cet archipel ! C'est donc d'une plume alerte que je vous tire vers la Station Charles Darwin. La fondation Charles Darwin a été crée en 1959 à l'occasion du centenaire de la théorie de l'Évolution. La construction de la Station a suivi de près et devint fonctionnel dès 1965. Elle a plusieurs fonctions mais celle qui retient l'attention du touriste est en rapport à l'élevage des tortues terrestres en vue de repeupler les îles.

Les tortues géantes (Geochelone elephantopus et "galapago" en espagnol) sont arrivées en flottant depuis l'Amérique du Sud. Le mâle peut peser jusqu'à 250 kilos pour 50 kilos pour sa dulcinée. La maturité sexuelle est atteinte vers 30 à 40 ans. Personne ne connaît encore l'âge  maximum atteint par ces reptiles, mais la plus vieille dans la réserve de la Station aurait 160 ans (et aurait connu Darwin !). L'archipel aurait porté jusqu'à 250 000 tortues terrestres. Suite aux déprédations humaines (son seul ennemi) ces quatre derniers siècles, le nombre s'est réduit à quelques milliers. Actuellement, la prédation provient d'animaux importés comme le chien et le rat. Quelques sous-espèces ont déjà définitivement disparus. Il existe trois différents groupes, basé sur la forme de la carapace. Mis à part les Galápagos, seul l'île d'Aldabra aux Seychelles en possède aussi. Pour les détails concernant cette extraordinaire espèce, je vous laisse lire l'article aux "infos divers".

                                      photo du 1er voyage

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En guise de conclusion :

Un passage aux Galápagos laisse des traces profondes que j'espère avoir pu retranscrire ici. En tant que touriste, je retiens surtout l'expérience de pouvoir approcher des animaux terrestres sans être fuit comme leur pire ennemi, et bien sûr l'aspect historique concernant l'élaboration de la théorie darwinienne sur l'Évolution. Reste aussi l'émerveillement de l'observation d'espèces animales rares dans un site naturel encore grandement intact et de toute beauté.

Je pense que je reviendrai en pèlerinage aux Galápagos mais je souhaiterai venir pour deux semaines pour y faire de la plongée et la visite d'autres îles comme Isabela, Fernandina et Santiago. Il semblerai que de telles croisières existent. Cela dit, je conseillerai à tout amateur de ne pas trop tarder car la population humaine augmente  autant que le nombre de touristes. Je ne serai pas surpris qu'un cota limite de touristes par jour soit un jour fixé. Des "accidents" écologiques sont toujours possibles comme ce fut le cas cette année avec la marée noire. Des variations climatiques ou une éruption volcanique dévastatrice est également imaginable et pourrait être de nature à faire disparaître certaines espèces vulnérables. De manière générale, je pense toujours qu'il ne faut pas attendre quand il s'agit de la nature.

Avec les Galápagos, j'ai terminé mes aventures sous-marines pour ce voyage, place maintenant à la pêche.

 

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Misha et Andrew   

 

Plaza Sud

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