NOUVELLE-ZELANDE, ÎLE DU SUD: PÊCHE

 

UNE   PASSION                                                                                                            

Qu’est-ce que  la pêche signifie pour vous ? Prendre du poisson ? Pour moi cela représente une passion que je souhaite vous présenter ici.

Il existe plusieurs types de pêcheur : le professionnel qui pêche pour gagner sa vie, le rêveur qui cherche à s’évader du train-train quotidien, le « viandar » qui tue tout ce qu’il sort de l’eau, le mélancolique, le bucolique, le pêcheur de compagnie,  … et le passionné qui passe beaucoup plus de temps au bord de l’eau qu’en famille, dépense principalement son argent à la pêche et est un voyageur impénitent. Cela dit, je me suis souvent demandé qu’elle était la motivation profonde de ce passe-temps.

En ce qui me concerne, je pense que la pêche est avant tout un prétexte pour me retrouver dans mon élément : au bord de l’eau. J’y trouve mon compte entre rêve d’aventures et de surprises  et d’un certain confort physique et psychologique en l’absence de stresse. Plus de téléphone intempestif, de dossiers urgents, de difficultés professionnelles, de soucis familiaux, … il y a juste moi et la rivière avec sa sérénité, ses secrets, sa beauté, ses truites. Elle coule là depuis des millénaires et s’est fait son lit en harmonie avec la montagne lui donnant tout son caractère. Elle se moque bien  de la cupidité des hommes qui ont essayé de la dresser et d’en tirer profit. Quand nous aurons disparu, elle aura  raison de nos barrages, de nos micro-centrales et autres gadgets. Ce n’est qu’une question de temps et le temps lui appartient.

En attendant, j’apprécie son hospitalité quand je mets les pieds dans l’eau et j’essaie de la respecter le plus possible pour la retrouver aussi belle la fois prochaine.

J’affectionne particulièrement la pêche de la truite à la mouche. Peut-être parce que  c’est la technique de pêche qui me rapproche le plus de l’alimentation naturelle de la truite et demande une connaissance approfondie de l’entomologie de la rivière mais aussi parce qu’elle est variée et que je trouve beaucoup de grâce et de dextérité à manier la soie pour poser délicatement la mouche devant une truite attablée. Les mouches, en elles-même, sont de petites œuvres d’art composées avec les plus belles plumes et poils variés qui existent sur terre et leur montage constitue déjà en soi une passion et une manière de laisser vagabonder ma pensée pendant les longues soirées d’hiver. La truite aussi est un magnifique poisson avec sa robe tachetée (j’ai mes préférences), son humeur changeante mais toujours sauvage, farouche et combative.

Pour les plus passionnés, pêcher devient presque un art de vivre, mais là, cela devient trop sérieux alors que la pêche de loisir doit rester un passe-temps de détente que je trouve même divertissant et drôle.

Je précise d’emblée que mis à part une truite, une anguille et un « kingfish » (Seriola lalandi), tous les poissons ont été délicatement remis vivant dans leur élément.

  LES   ÉTAPES   DE   LA   PÊCHE   A   LA   MOUCHE

Mais comment donc se déroule une journée de pêche ? En fait, il existe différents temps à la pêche : période d’ouverture et de fermeture de la pêche, la veille d’un voyage ou d’un jour de pêche, le montage des mouches, la préparation du matériel.

L’action de pêche est  toujours la même avec ses séquences immuables mais chaque pêcheur apprécie diversement les étapes. Il y a d’abord l’approche de la rivière, sa « lecture » (recherche du poisson en fonction des caches et du courant, recherche d’une éclosion d’éphémères et de son espèce), la découverte de la truite et son observation. C’est une étape où le pêcheur se déplace dans son environnement et peu apprécier la beauté de la nature, rêvasser, s’évader de son quotidien tout en restant très discret pour ne pas effrayer un poisson qui alerterait les autres à leur  tour. Avec le repérage d’une truite ou d’un site où elle est susceptible de se cacher commence véritablement l’art de la pêche. C’est un moment de grande tension où le pêcheur doit mettre à profit toutes ses connaissances pour choisir la bonne mouche et toute sa dextérité pour la poser au bon endroit sans effrayer la truite. Avec un peu de chance, si l’imitation de la mouche ou de la nymphe lui plaît, elle va s’en saisir. Cet instant, qui ne dure qu’une seconde, constitue le point culminant du plaisir de cette pêche. C’est un moment d’équilibre furtif dans la rencontre où autant le poisson que le pêcheur ont leur chance, le premier de s’échapper et le deuxième de le ferrer. Aussi curieux que cela puisse paraître, j’ai manqué au ferrage à la nymphe à vue au moins la moitié de mes poissons et, heureusement, moins souvent en mouche sèche.

Puis, c’est le combat qui peut durer de quelques minutes à plus d’une heure. Là aussi rien n’est gagné. Le poisson peut casser la ligne, dévaler la rivière et coincer la ligne entre les rochers, se blottir  sous une pierre et ne plus en déloger, passer sous les algues ou derrière une branche, ou une souche, … Bref, c’est  un moment de grande tension et de concentration où le pêcheur à tout le loisir de jauger le poids et la valeur de sa prise … et de désespérer à l’idée de la perdre. Mon expérience m’a enseigné que l’on perd plus de la moitié des beaux poissons. Quant aux prises d’exception, il faut aussi un peu de chance pour les sortir de l’eau ou les taguer (pour le marlin) ce qui ne fait que rehausser l’histoire de leur pêche. J’aurai l’occasion  de vous raconter l’histoire de la prise d’une truite de 6,75 kg (15 livres !) et de la bagarre avec un énorme kingfish de plus de 20 kg ainsi que  d’un marlin rayé dans la parution  de la page Internet « Nouvelle Zélande : île du nord » d’ici fin-mars.

La tension se transforme en exaltation quand enfin nous arrivons à mettre le poisson dans l’épuisette ou quand le capitaine tient le marlin par le rostre. C’est gagné … mais pas fini car le poisson peut encore nous glisser des doigts au moment où la photo allait être prise, nous pouvons glisser et tomber dans l’eau, … Quoiqu’il en soit, c’est un moment de grand bonheur et d’intimité avec le poisson qui nous rapproche de la nature. Je me sens alors comme privilégié par rapport aux citadins. J’admire toujours la robe de mes truites et j’affectionne surtout celles qui ont peu de points mais bien délimités. Je vous en montrerais un magnifique exemple dans la prochaine édition. Le temps d’une éventuelle photo, de la pesée et voilà que nous relâchons déjà notre poisson avec beaucoup de tendresse pour celui qui nous a donné tant d’émotions et pour qu’il vive encore longtemps  pour entamer encore quelques combats et se reproduire.

S’ensuivent les congratulations du guide ou d’autres pêcheurs et  la narration de l’histoire plus ou moins déformées. C’est le temps des sourires et du souvenir jusqu’à ce que nous nous remettions en quête d’un nouveau poisson. Et ces étapes, le pêcheur passionné aimerait les reproduire jour après jour pendant des années si c’était possible.

 

  MATERIELS   UTILISÉS

A la demande de pêcheurs, je vous livre ici, sans rentrer dans les détails, le type de matériel que j’utilise.

  Cannes à pêche :

SAGE                                modèle   589-5-SP       (petite rivière)

SAGE                                modèle   890-3-RPLXi (mer et grosses truites)

SAGE                                 modèle 1190-3-RPLXi (mer uniquement)

Jacky Boileau                    modèle « Lac », éléments  Powell, 4 brins 9,2 p, soie                                              5 à 7 (ma préférée pour la Nouvelle-Zélande)

Canne à lancer léger au cas où, mais que je n’ai encore pas utilisé dans ce voyage.

  Moulinets :

Vivarelli                              (remarqué par certains guides et détesté par d’autres)

Martin MG 10                     (que je n’ose plus utiliser car il me lâche lors des                                              grandes tirées)

Everglades   (Tibor)          (pour les soies No 8 et les Teenys 200 et 300)

Fin-Nor No 3                       (pour la mer)

  Soies :

Flottantes pour les plus légères : 5 et 6. Derniers mètres teintés pour les rendre discrètes.

Flottantes, intermédiaires et plongeantes pour les soies plus lourdes.

  Poly leader transparent flottant de 1,5 m et pol. coulant à des vitesses variables.

  Fils : Platil Ghost  14 % à 25 %   (ça été une révélation pour moi car c’est un fil           discret et solide), sinon du fluorocarbone.

  Mouches : diverses et variées sans oubliés les émergentes, les streamers …                     et les souris.

  Chaussures de marches perméables (pour que ça sèche vite et que la marche soit aisée) avec des chaussettes de  wading  que l’on trouve en N-Z.

  Long Johns et shorts (spécialités des kiwis).

  Waders en Gortex SIMMS    (va aussi très bien même s’il faut marcher).

  Chaussures de wading avec crampons métalliques (le feutre est insuffisant selon les rivières et s’use vite à la marche).

  Canne de wading : indispensable si l’on a l’équilibre précaire et selon les                                    rivières.

  Sinon le matériel habituel : lunettes polaroïdes, casquette, crème solaire, repellent, …gants (quand les mains sont enflées suite aux multiples piqûres de sandflys), …

  H I S T O I R E S      D E      P Ê C H E

  EN  SOLITAIRE

Après toutes ces marches, j’étais content d’avoir enfin le temps d’aller pêcher. Autant vous dire tout de suite que mes débuts (du 2 au 7 janvier) furent désastreux. Le temps n’a pas aidé non plus car il faisait froid et gris presque tout le temps. J’ai pêché la dernière partie de la Greenstone, l’Upukarora, la Mataora et l’Oreti sans prendre un poisson. Et pas le moindre petit gobage pour se remonter le morale. Au coup du soir, ces rivières étaient comme mortes … sauf les anguilles qui sont venues m’inquiéter en humant ostensiblement mes chaussures quand je les avais dans l’eau. Bref, ce n’était pas gai et je commençais à sérieusement douter de moi et de la valeur de ces rivières.

Jusqu’à ce fameux soir du 7janvier sur la Mataora où j’ai enfin aperçu quelques gobages à la tombée du jour, et c’est ainsi qu’enfin je pris et sortis assez facilement ma première truite new-zélandaise en mouche sèche (émergente #16) qui pour une première pesait déjà dans les trois livres. Ma joie fut intense et plus encore  quand suivirent deux autres truites d’approximativement le même poids..

C ‘est  un peu écoeurant de penser que chacun de ces poissons auraient constitué le « trophée de l’année » en Europe alors qu’ici c’est une taille plus que moyenne.

Ce soir là fut mon seul coup du soir de tout mon séjour en Nouvelle-Zélande !

  JEFF   JONES

Jeff fut mon premier guide à Queenstown pendant cinq jours, du 8 au 12 janvier. Son travail était particulièrement difficile en raison des fortes précipitations qui eurent lieu le 9 et de l’absence de soleil. Nous n’avons eu une bonne pêche que le premier  et le quatrième jour. Les autres jours nous n’avons rien pris à l’exception d’une « petite » truite d’une livre prise au Lac Wakatipu en sèche. Probablement une truite distraite qui avait le nez en l’air. Au moins j’étais rassuré sur un point : ma technique de pêche n’était pas seule responsable de mes échecs les jours précédents.

La première matinée  fut mémorable. D’abord parce qu’il a fallu que je pêche les pieds dans l’eau avec mes chaussures et sans chaussette de wading. L’eau avait tout juste onze degrés à mon thermomètre de sorte que j’ai très vite plus senti mes pieds et sortais le plus fréquemment possible de l’eau. Je sortis d’abord deux truites en mouches sèches (fario et arc-en-ciel) puis Jeff me montra une ombre dans l’eau en amont qui trahissait assurément une grosse truite. Comme elle ne montait pas sur ma mouche sèche, je mis une grosse nymphe plombée et l’ai piqué à vue du premier coup. Là j’ai eu droit à une vraie bagarre et je commis au moins deux erreurs : j’avais gardé mon bas de ligne en 16% de la veille et je suis resté dans l’eau au lieu de remonter sur la berge dès le début du combat. Jeff m’a filmé pendant ce temps jusqu’à ce que je lui demande de l’aide pour la mettre dans l’épuisette. Mais elle était lourde et très combative et elle ne se laissa pas faire. Elle sauta deux fois devant nous comme un saumon et nous l’avons estimé entre six et sept livres ce qui est une très grosse truite fario pour cette rivière. Après quarante-cinq minutes de combat, ce que nous craignions arriva : elle se mit à redescendre le courant de l’autre côté de la rivière et passa derrière des pierres immergées. Nous n’avions pas d’autre alternative que de la suivre ce qui fut épique malgré l’aide précieuse de Jeff pour traverser la rivière car ces pierres étaient glissantes. Finalement je n’ai récupéré que mon bas de ligne … mais qu’elle bagarre. Je m’en rappellerai toute ma vie.

  ALAN   CAMPBELL

Alan est guide de pêche dans la région d’Omarama. Avec sa femme Marie, qu’il a rencontré en France, ils tiennent un camping à Glenburn devant le Lac de Glenmore à huit kilomètres d’Omarama. En logeant dans son camping, j’ai bénéficié d’une chaleureuse compagnie francophone et goûté les excellents plats de cuisine française préparés par sa femme. Rien que pour cela, cela vaut le détour.

 Vous ne serez pas surpris d’apprendre que je suis arrivé avec une forte pluie et que nous avons eu une petite tempête le troisième jour de pêche ce qui est tout à fait inhabituelle en été dans cette région. Alan me demandait souvent ce que j’avais bien pu faire pour mériter toute cette pluie et m’a promis de me suivre dans mon tour en N-Z en fonction de la localisation des précipitations. La suite ne lui a pas donné tort et un autre guide de Westport, Silvio, m’a surnommé le « rainmaker ».

Cela dit, le premier jour de pêche fut également mémorable et peut-être une des meilleures de tout mon séjour. Nous avons pêché un petit ruisselet d’eau de source pas plus large que deux mètres par endroits mais qui regorgeait de grosses truites de deux à presque quatre kilos, pas trop farouches, et qui se positionnaient à la queue leu leu tous les quinze mètres environ. J’ai piqué neuf truites, toutes de magnifiques farios, et mis six à l’épuisette. La plus grosse pesait 3,8 kg. Bien que nous ayons essayé de les « faire monter » en sèche, elles n’ont pris que des nymphes.

Cette fois l’intérêt de cette pêche ne résidait pas dans le combat mais dans l’action de pêche car toutes ces truites étaient situées dans des lieux rendant quasiment impossible le maniement de la soie. De plus il y avait des rafales de vent et la fenêtre dans la végétation n’était parfois pas plus grande qu’un demi-mètre ! La tension fut très grande, parfois à la limite de la crise de nerf quand la nymphe se prenait dans la végétation à proximité de la truite. Heureusement qu’Alan était là pour décrocher l’hameçon qui se prenait dans la végétation derrière moi, sans quoi, je me demande encore si j’aurais sorti une truite.

  IAN   MURRAY

J’ai contacté Ian après l’avoir rencontré au magasin de sport de Te Anau. Je souhaitais aller pêcher la rivière Athur où j’avais vu de vrais monstres. Malheureusement, il n’est pas possible de remonter la rivière en bateau et il faut une autorisation spéciale pour se poser en hélicoptère. Il me proposa, par contre, un jour de pêche en lac à l’embouchure de certaines rivières. Pour une fois il n’a pas plu mais il y avait beaucoup de nuages. Or, pour la pratique de ce type de pêche qui s’apparente à la pêche du bonefish sur les flats, il faut du soleil pour localiser les truites.

Pendant, la matinée, ce fut une partie de cache-cache avec le soleil qui daignait faire son apparition dans une trouée de nuages que trois minutes par heure. Mais pendant ces trois minutes, le flat s’éclairait comme un aquarium et j’étais presque sûr d’attraper une truite de belle taille. Pour cela, il suffisait de lancer un petit streamer à proximité de la truite qui se jetait dessus dès que nous l’animions de petits coups secs.

L’après-midi, ce fut l’inverse : il faisait grand beau mais les truites étaient devenues boudeuses. Alors nous avons pêché une de ces petites rivières très peu pêchée et nous nous sommes régalés avec  des arcs-en-ciel  qui se jetaient sur nos énormes royales wulff  No 10.

 

Je précise ici que l’emploi de la première personne du pluriel comme sujet ne signifie pas que le guide pêche, même si vous pouvez parfois les voir avec une canne dans la main sur certaines photos. C’est à leur demande que je ne mentionne pas les noms des rivières où nous avons pêché car je respecte leur profession. Je parlerai plus longuement des guides dans la prochaine page sur Internet.

 

 

 

 

 

 

 

approche

repérage

pêche

ferrage

combat

mise à l'épuisette

photos

relachage

la truite est libre

la Mataora

Jeff  Jones


Jeff

Alan  Campbell

Alan







Ian  Murray





retour à la page du lieu

retour à la page principale