ASIE DU SUD EST: INFORMATIONS


1. PRÉSENTATION  
Thaïlande, officiellement royaume de Thaïlande (dénommé Siam jusqu'en 1938), pays de l'Asie du Sud-Est, limité au nord et à l'ouest par la Birmanie, au nord-est par le Laos, au sud-est par le Cambodge et le golfe de Thaïlande (Siam), au sud par la Malaisie et au sud-ouest par la mer d'Andaman et la Birmanie. La superficie totale de la Thaïlande est de 513 115 km². Bangkok est la capitale et la plus grande ville du pays.


2. LE PAYS ET SES RESSOURCES  

2.1. Relief et hydrographie  
La Thaïlande fait partie de la péninsule indochinoise, à l'exception de la pointe sud qui occupe une partie de la péninsule malaise. Le pays s'étend sur 1 770 km du nord au sud et sur 805 km d'est en ouest. Une vaste plaine centrale, la plaine alluviale du Menam Chao Phraya, le plus grand fleuve thaïlandais, occupe le centre du pays. Cette plaine centrale est la région la plus densément peuplée et la plus riche du point de vue agricole. Bangkok est située à proximité du fertile delta du Menam Chao Phraya. Sur le pourtour de ce bassin s'élèvent des massifs montagneux. Les sommets les plus élevés se trouvent dans les massifs qui longent la frontière birmane et culminent à 2 595 m au Doi Inthanon. La région péninsulaire, bordée d'étroites plaines côtières, atteint son point culminant au Khao Luang à 1 786 m. À l'est du bassin du Menam se déploie une autre chaîne montagneuse, d'axe nord-sud. Ce relief culmine au Doi Pia Fai (1 270 m). Au nord et à l'est de cette chaîne s'étend un plateau bas et aride, le plateau de Korat, qui occupe le tiers oriental du pays et borde la vallée du Mékong, à la frontière du Laos.

2.2. Climat  
Le climat de la Thaïlande est humide et tropical, principalement placé sous l'influence des vents de mousson. D'avril à octobre, ces vents proviennent dans l'ensemble du sud-ouest et sont chargés d'humidité, faisant grimper les températures qui s'échelonnent alors entre 25,6 et 36,7 °C. Le reste de l'année, ils soufflent du nord-est et les températures oscillent entre 13,3 et 33,3 °C. À altitude égale, les températures sont plus élevées dans l'intérieur du pays que le long des côtes.

Les précipitations annuelles sont de l'ordre de 1 525 mm dans les régions du Nord, de l'Ouest et du Centre, de 2 540 mm ou plus dans la partie thaïlandaise de la péninsule malaise et de 1 270 mm ou moins sur le plateau de Korat. C'est en été (de juin à octobre) que les pluies sont les plus abondantes.

2.3. Faune et flore  
Les jungles et marais qui parsèment les régions côtières de la Thaïlande comportent de vastes forêts où poussent le rotang, le bois de fer, le bois de sappan, le bois de rose et l'ébène. La mangrove occupe les rivages. Les hautes terres comptent également de nombreuses forêts où l'on trouve notamment du teck et des chênes. La flore thaïlandaise est par ailleurs extrêmement variée et riche en plantes tropicales (orchidée, gardénia, hibiscus, bananier, manguier et cocotier). Les jungles et les forêts thaïlandaises sont le domaine de nombreuses espèces d'animaux. Les éléphants sont légion ; ils sont employés comme animal de trait. On rencontre aussi le rhinocéros, le tigre, le léopard, le gaur (buffle sauvage), le buffle et le singe gibbon. La Thaïlande compte plus de cinquante espèces de serpents, dont plusieurs venimeuses. On trouve par ailleurs dans le pays de nombreux crocodiles et de multiples espèces de poissons et d'oiseaux.

3. POPULATION ET SOCIÉTÉ   3.1. Démographie  
80 p. 100 des Thaïlandais sont des Thaïs, un ensemble de peuples originaires du sud-ouest de la Chine et qui se seraient déplacés vers l'Asie du Sud-Est au début du Ier millénaire apr. J.-C. On distingue généralement les Thaïs vrais, qui habitent dans le centre du pays, des Laos qui vivent dans le Nord et l'Est. Les Thaïs représentent environ 53 p. 100 de la population et les Laos 27 p. 100. Les Chinois constituent la minorité la plus importante de la Thaïlande. Ils représentent environ 12 p. 100 de la population totale. Parmi les autres minorités figurent les musulmans malais qui vivent dans le Sud, les « tribus » montagnardes du Nord et les réfugiés vietnamiens et cambodgiens (Khmers). 79 p. 100 de la population thaïlandaise vivent dans les campagnes.

En 1998, la Thaïlande comptait 60 millions d'habitants, soit une densité de population d'environ 117 habitants au km². La population n'est pas uniformément répartie et se concentre principalement dans le centre du pays.

3.2. Villes principales  
Bangkok est la capitale, le premier port et la plus grande ville du pays avec une population (banlieue comprise) estimée à 5 876 000 habitants en 1990. Parmi les autres villes importantes figurent Chiang Maï (101 594 habitants au recensement de 1980), la plus grande ville du nord de la Thaïlande ; Songkhla (172 604 habitants dénombrés lors du recensement de 1980) situé dans la péninsule malaise ; et Nakhon Si Thammarat (102 123 habitants en 1980) qui se trouve également dans la péninsule malaise.

3.3. Langue et religion  Le thaï, qui appartient à la famille des langues sino-tibétaines, est la première langue du pays (voir Sino-tibétaines, langues). Il existe quatre dialectes régionaux. Le laotien, le chinois, le môn-khmer et le malais sont également parlés en Thaïlande. L'anglais est enseigné dans certaines écoles et dans les collèges d'enseignement secondaire ; il est également utilisé pour le commerce et la diplomatie.

Le bouddhisme est la première religion de la Thaïlande. Au sommet de la hiérarchie bouddhiste se trouve le patriarche suprême qui fait généralement partie de la famille royale. Environ 95 p. 100 des Thaïlandais sont bouddhistes et le pays compte quelque 18 000 temples bouddhiques et 140 000 prêtres bouddhistes. Les musulmans, qui vivent pour la plupart dans la région située au nord de la Malaisie, représentent 4 p. 100 de la population. Le pays compte également de petites communautés chrétiennes et hindouistes.

3.4. Éducation  L'école est obligatoire et gratuite pour tous les enfants âgés de 7 à 15 ans mais le nombre d'écoles, tant laïques que bouddhiques, ne permet pas de dispenser un enseignement primaire à tous les enfants. Le taux d'alphabétisation du pays (93,8 p. 100) est le plus élevé de l'Asie du Sud-Est.

À la fin des années quatre-vingt, on dénombrait 34 100 écoles primaires et 1 400 collèges secondaires.

La Thaïlande compte diverses universités, les plus importantes étant l'université de Chulalongkorn (1917) située à Bangkok et l'université de Chiang Maï (1964) qui se trouve dans le nord du pays. Un Institut de technologie asiatique est également implanté à Bangkok depuis 1959.

3.5. Culture  
La Thaïlande présente la particularité — parmi les autres pays de l'Asie du Sud-Est — de n'avoir jamais été colonisée. Aucune culture unique n'a jamais dominé l'ensemble du territoire. La période de Sukhothaï (1238-1378) fut la plus féconde sur le plan culturel, dans la mesure où c'est à cette époque que les Thaïs ont intégré à leur culture des éléments empruntés aux diverses civilisations, indienne et chinoise, par exemple, avec lesquelles ils étaient alors en contact.


La littérature thaïlandaise classique repose sur la tradition et l'histoire. Le Ramakien, version thaïlandaise du Ramayana, grand poème épique hindou, est un classique et l'une des sources de l'art et de la musique thaïlandais. La littérature moderne s'apparente au style occidental et la Thaïlande compte de nombreuses romancières parmi ses auteurs de romans populaires.


Parmi les œuvres architecturales les plus célèbres de la Thaïlande figurent les wats, c'est-à-dire les monastères bouddhiques de Bangkok. La sculpture thaïlandaise, qui remonte au XIVe siècle, s'est formée à partir d'éléments chinois, birmans, hindous et khmers. C'est dans les temples et les statues de Bouddha qu'elle est le mieux représentée.


La musique thaïlandaise est extrêmement complexe et accompagne généralement les pièces de théâtre. La danse est tout aussi élaborée. Elle s'inspire des danses indiennes et se caractérise par les jeux de bras et les balancements du corps qui accompagnent un récit. Le moindre mouvement a sa signification et trouve sa place dans le déroulement de l'histoire. Les artistes sont revêtus de costumes et de coiffes élaborés.

3.6. Institutions et vie politique  Après la révolution de 1932, la Thaïlande est devenue une monarchie constitutionnelle après avoir été placée, des siècles durant, sous l'autorité de monarques. Depuis lors, le pays a été à maintes reprises dominé par les militaires : 17 coups d'État depuis 1945. Le pays a changé de constitution en janvier 1995, pour la quinzième fois depuis 1932.

Le roi de Thaïlande est le chef de l'État et le commandant en chef des forces armées. Le chef du gouvernement est le Premier ministre, qui peut prendre les mesures qui s'imposent pour préserver la stabilité du trône, faire respecter l'ordre public ou veiller au bon fonctionnement de l'économie. Dans la pratique, toutefois, les militaires de haut rang jouent un rôle prépondérant au sein du gouvernement.

En Thaïlande, le pouvoir législatif incombe à l'Assemblée nationale, qui est composée de deux chambres : la Chambre des représentants qui compte 360 membres élus pour un mandat de quatre ans, et le Sénat qui est constitué de 240 membres nommés par le corps militaire pour un mandat de quatre ans.

La plus haute juridiction du pays est la Cour suprême (Sarn Dika) qui siège à Bangkok et qui est l'instance de dernier recours pour toutes les affaires civiles, pénales et commerciales. Seule une cour d'appel (Sarn Uthorn) est compétente pour réexaminer tous les cas qui lui sont présentés. La Constitution de 1991 reconnaît l'indépendance de la justice.

Chacune des 73 provinces que compte la Thaïlande, appelées changwads, est placée sous le contrôle d'un gouverneur nommé par le gouvernement national. Les responsables des 655 districts (amphur) sont également nommés. Les villes les plus importantes sont administrées par des personnes élues ou nommées et des élus locaux sont responsables des villes de moindre envergure.

Le service militaire dure deux ans et est obligatoire pour tous les hommes valides âgés de 21 à 30 ans. En 1997, les forces armées comptaient 306 000 hommes : 190 000 soldats, 43 000 membres de l'armée de l'air et 73 000 marins.

4. ÉCONOMIE  
L'agriculture, la transformation et l'exportation de produits agricoles, notamment du riz, ont formé l'ossature de l'économie thaïlandaise. Bien que la Thaïlande ait toujours compté parmi les pays les plus prospères d'Asie, le fait qu'elle dépende d'une monoculture l'a rendue extrêmement sensible aux fluctuations des cours mondiaux du riz et aux variations de la production. L'État s'est efforcé d'atténuer cette fragilité en cherchant à diversifier l'économie et à promouvoir des méthodes de culture scientifiques, notamment l'irrigation contrôlée des rizières, de façon à stabiliser la production même lorsque les précipitations sont insuffisantes. Grâce aux investissements japonais, la Thaïlande s'est rapidement industrialisée dans les années quatre-vingt et au début des années quatre-vingt-dix. Au cours de la dernière décennie, le tourisme a également joué un rôle majeur dans le développement économique du pays. La croissance annuelle de la Thaïlande a été exceptionnelle entre 1985 et 1993 (de l'ordre de 10 p. 100). Elle a encore été de 8 p. 100 en 1993. Le PIB, en 1997, était de 153,9 milliards de dollars. Les principaux partenaires commerciaux de la Thaïlande sont le Japon, les États-Unis, Singapour, l'Allemagne, la Malaisie, la Chine et les Pays-Bas.

4.1. Agriculture  
La Thaïlande est l'un des premiers producteurs et le premier exportateur mondial de riz, bien que le rendement par hectare soit faible. À la fin des années quatre-vingt, la production annuelle de riz s'élevait approximativement à 20,8 millions de tonnes, soit une hausse annuelle de quelque 11,3 millions de tonnes par rapport aux années soixante. Le caoutchouc, qui provient principalement des plantations de la péninsule malaise, est la seconde grande production du pays (la Thaïlande est aussi le premier exportateur mondial de caoutchouc). À la fin des années quatre-vingt, sa production annuelle s'élevait à environ 860 000 tonnes. Les Thaïlandais cultivent également le maïs, le sorgho, le manioc, la canne à sucre, le coton, le tabac, le café, la noix de coco et le kenaf, une fibre servant à la fabrication de la toile. En 1998, le cheptel se compose de 4,20 millions de buffles, 7,50 millions de bovins et 4,21 millions de porcs.

Les forêts couvrent 22,8 p. 100 du territoire thaïlandais. Le bois dur, notamment le teck, est le produit le plus précieux des forêts. La production annuelle de bois s'élevait, en 1997, à 39,7 millions de m³. Mais le pouvoir réduit sensiblement les exportations car la forêt a été surexploitée.

La pêche est également un secteur important de l'économie, et la prise annuelle de crevettes, poisson et crustacés atteignait 3,65 millions de t en 1996.

L'ensemble du secteur agricole emploie 59 p. 100 de la population active.

4.2. Mines et industries  La Thaïlande était l'un des principaux producteurs d'étain (21 000 tonnes en 1984). Les cours de ce métal ont chuté des deux tiers environ depuis une quinzaine d'années et, en 1993, la production thaïlandaise ne dépassait pas 4 700 tonnes. La principale production minière est maintenant le lignite (156 millions de tonnes), à quoi s'ajoutent le gypse, le zinc, le tungstène, l'antimoine, le manganèse et le plomb.

Quelque 13 p. 100 de la population active travaillent dans le secteur de l'industrie. Les industries de transformation alimentaire (riz et sucre), les industries du textile et de l'habillement et l'électronique sont les activités dominantes. Parmi les autres grands produits manufacturés figurent le ciment, les véhicules motorisés, les cigarettes ainsi que divers produits chimiques et pétroliers. S'y ajoutent depuis peu les ordinateurs et les composants électroniques.

En 1997, la production annuelle d'électricité s'élevait à 94,5 milliards de kWh (contre 3 milliards en 1968), provenant pour l'essentiel de centrales thermiques alimentées par le charbon local. La Thaïlande importait son pétrole jusqu'il y a peu, mais, en 1994, elle en a produit 2,7 millions de tonnes, ainsi que 9,7 milliards de mètres cubes de gaz naturel.

4.3. Échanges  Le réseau ferroviaire thaïlandais, qui compte 4 041 km de voies ferrées, appartient et est géré par l'État. Le Menam Chao Phraya est navigable sur 80 km à partir de son embouchure et constitue une importante voie navigable intérieure. Le réseau routier a été amélioré dans les années soixante-dix et couvre à l'heure actuelle 64 600 km de routes. La compagnie aérienne Thaï Airways propose des vols intérieurs et longs-courriers. Le port de Bangkok, l'un des plus modernes de toute l'Asie du Sud-Est, est également utilisé par le Laos qui est enclavé à l'intérieur des terres.

Bangkok compte plus de 20 quotidiens, dont 2 en anglais et 6 en chinois, qui tirent à plus de 2,3 millions d'exemplaires. Les périodiques sont publiés en thaïlandais, en anglais et en chinois.

La monnaie thaïlandaise est le baht, divisé en 100 satang (le baht vaut environ 22 centimes français). La monnaie est émise par la Banque de Thaïlande (fondée en 1942). Le pays compte de nombreuses banques commerciales ainsi que plusieurs banques étrangères.

5. HISTOIRE  Le peuple thaï, originaire de Chine occidentale, s'est installé dans le Yunnan au IIe ou Ier siècle av. J.-C. Profitant de la confusion qui régnait après l'effondrement de la dynastie Han en 220 apr. J.-C., les dirigeants thaïs fondèrent le royaume de Nan Chao, qui gouverna jusqu'à la conquête du pays par les Mongols au milieu du XIIIe siècle Nanzhao. C'est néanmoins bien avant cette époque que les Thaïs avaient commencé à émigrer en direction du sud jusqu'au-delà de la péninsule malaise et aux confins du Cambodge. C'est alors qu'ils furent soumis à l'influence indienne et adoptèrent la religion bouddhiste. Dès la fin du XIIIe siècle, les Thaïs (connus sous le nom de Siam) avaient constitué une entité politique et formaient une nation. En 1350, un royaume thaï unifié fut établi sous l'égide du dirigeant auquel fut attribué le nom posthume de Ramathibodi. Ce dernier créa le royaume d'Ayuthya. Malgré les luttes intermittentes qui l'opposaient aux Khmers et aux Birmans, le royaume d'Ayuthya prospéra durant les quatre siècles qui suivirent. Les Thaïs étaient parallèlement entrés en contact, pas toujours fraternels, avec divers pays européens et asiatiques, dont le Portugal, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne et la Chine.

5.1. Lutte pour la souveraineté  
En 1767, après un siège de quatre ans, les troupes birmanes s'emparèrent d'Ayuthya et détruisirent la ville. La domination birmane sur le Siam fut de courte durée et prit fin lors d'un soulèvement thaï mené par le général Phya Taksin, qui s'autoproclama roi. À son décès, la couronne revint au général Phya Chakri, fondateur de l'actuelle dynastie des rois thaïs, qui régna de 1782 à 1809 sous le nom de Rama Ier. Les gouvernements britannique et thaï conclurent un traité commercial en 1826 octroyant à la Grande-Bretagne divers droits et privilèges qui contribuèrent à accroître son influence dans l'ensemble du Siam au cours du XIXe siècle.


C'est parce que deux de ses dirigeants furent de grands hommes d'État que le Siam ne fut pas colonisé comme ses voisins. Passionné par la civilisation et la science occidentales, le roi Mongkut, qui régna de 1851 à 1868 sous le nom de Rama IV, invita de nombreux conseillers européens à l'aider à moderniser son pays. Son fils, le roi Chulalongkorn (Rama V), qui gouvernait au moment où le colonialisme européen était à son apogée, poursuivit les vastes efforts de modernisation déployés par son père et parvint à conserver l'indépendance du pays au prix, toutefois, de lourdes concessions territoriales. En 1893, le Siam fut impliqué dans une querelle de frontière avec la France, qui était alors le principal pouvoir en place en Cochinchine, dans l'Annam, le Tonkin et au Cambodge. Les Français envoyèrent des navires de guerre à Bangkok et obligèrent les Siamois à leur céder le Cambodge et toute la partie du Laos située à l'est du Mékong. La France obtint d'autres territoires siamois à l'ouest du Mékong en 1904 et en 1907. Le Siam abandonna par ailleurs quatre États de la péninsule malaise au Royaume-Uni en 1909. En contrepartie, les Britanniques renoncèrent à la plupart de leurs droits extraterritoriaux dans le reste du royaume. Le gouvernement siamois engagea le pays dans la Première Guerre mondiale (1914-1918) aux côtés des Alliés en juillet 1917. Le Siam devint ensuite membre fondateur de la Société des Nations.

Le 27 juin 1932, pendant le règne du roi Prachadhipok (Rama VII), un coup d'État militaire emmené par Pridi Phanomyong et le colonel Phibun Songkram proclama la monarchie constitutionnelle. L'opposition royaliste fut vaincue en octobre 1933. En mars 1935, le roi Prachadhipok abdiqua en faveur de son neveu, le prince Ananda Mahidol. Le Siam invalida en novembre 1936 tous les traités qu'il avait signés avec des pays étrangers. Aux termes des clauses des nouveaux traités conclus l'année suivante, le gouvernement obtenait sa totale indépendance. En 1938, le chef du gouvernement, Phibun Songkram, donnait au pays le nom de Thaïlande.

5.2. Seconde Guerre mondiale  Encouragé et soutenu par le Japon, le gouvernement Phibun demanda à la France, à partir de 1940, les territoires qui lui avaient été cédés en 1893 et au cours des années suivantes. Le différend fut résolu, avec la médiation du Japon, en mai 1941. Aux termes de l'accord qui fut signé, la Thaïlande obtenait 54 000 km de territoire, y compris une partie du Cambodge occidental et la totalité de la région du Laos située à l'ouest du Mékong. À compter de cette date, les relations entre la Thaïlande et le Japon devinrent de plus en plus amicales. Le 8 décembre 1941, quelques heures après l'attaque japonaise sur Pearl Harbor, le gouvernement thaïlandais permit aux troupes japonaises de traverser le pays pour atteindre la frontière malaise. La Thaïlande déclara la guerre aux États-Unis et au Royaume-Uni le 25 janvier 1942. Le gouvernement Phibun, projaponais, fut néanmoins renversé en juillet 1944 ; Pridi prit le contrôle du pays et, sous la conduite, le peuple thaïlandais se montra solidaire des Alliés.

La Thaïlande conclut un traité avec le Royaume-Uni et l'Inde en janvier 1946 par lequel elle renonçait, entre autres, à ses prétentions sur les territoires malais qui lui avaient été cédés pendant la guerre. Les relations diplomatiques du pays avec les États-Unis furent renouées le même mois. En novembre 1946, la Thaïlande parvint à un accord avec la France : celle-ci devait reprendre possession des territoires cédés en 1941. La Thaïlande fut admise à siéger à l'Organisation des Nations unies (ONU) le 15 décembre 1946, devenant ainsi son 55e membre. Entre-temps, le 9 juin 1946, le roi Ananda Mahidol décédait dans de mystérieuses circonstances. Une régence fut nommée lorsque son frère, le roi Rama IX, encore mineur, lui succéda.

5.3. Instabilité intérieure  
Le 9 novembre 1947, une junte militaire menée par Phibun prit le contrôle du gouvernement et resta au pouvoir, hormis un bref interlude au début de l'année 1948, jusqu'en 1957. Sous son autorité dictatoriale, la politique étrangère du pays eut pour objectif principal d'entretenir d'étroites relations avec les États-Unis et le Royaume-Uni. Le roi Rama IX accéda au trône le 5 mai 1950. Lorsque la guerre de Corée éclata en juin 1950, la Thaïlande envoya 4 000 soldats rejoindre les rangs des forces armées des Nations unies.

Le 29 novembre 1951, un groupe d'officiers de l'armée s'empara du pouvoir à l'occasion d'un coup d'État sans effusion de sang qui restaura la sévère Constitution de 1932, en lui apportant toutefois quelques modifications. Phibun fut nommé Premier ministre. Parallèlement s'était formé en Chine un mouvement thaïlandais libre (Free Thai Movement), soutenu par les communistes chinois et officiellement mené par Pridi.

Des représentants thaïlandais prirent part en avril 1954 à la conférence de Genève qui mettait provisoirement fin à la guerre d'Indochine. En septembre 1954, la Thaïlande devint membre fondateur et Bangkok le siège de l'Organisation du traité de l'Asie du Sud-Est (OTASE).

En septembre 1957, le gouvernement Phibun fut renversé lors d'un coup d'État militaire mené par le maréchal Sarit Thanarat, commandant en chef des forces armées thaïlandaises. Un gouvernement de coalition fut formé en janvier 1958 et placé sous la houlette du Premier ministre, le général de corps d'armée Thanom Kittikachorn. Un nouveau coup d'État, survenu en octobre 1958 et une nouvelle fois mené par Sarit, renversa le gouvernement Thanom. La Constitution fut suspendue, la loi martiale proclamée et tous les partis politiques furent interdits. Au début des années soixante, le gouvernement commença sérieusement à s'inquiéter d'un mouvement de guérilla communiste qui gagnait en importance dans le Nord. La multiplication des actes terroristes fut l'un des principaux problèmes auxquels Thanom, devenu de nouveau Premier ministre à la mort de Sarit en décembre 1963, dut faire face. La dégradation de la position adoptée par le gouvernement pro-occidental du Laos et la guerre du Viêt Nam (1959-1975) éveillèrent également les craintes du gouvernement.

5.4. Lutte pour la démocratie  
Sur le plan politique, le gouvernement prit progressivement des dispositions pour rétablir les droits politiques qui avaient été suspendus en 1958. Pour la première fois depuis une décennie, des élections municipales furent organisées en décembre 1967. Une Constitution permanente fut promulguée en juin 1968. Des élections législatives eurent lieu en février 1969 et l'United Thai People's Party emporta 75 sièges à la Chambre des représentants. Le principal groupe d'opposition, le Democratic Party, obtint 56 sièges.

À partir de 1969, les États-Unis commencèrent à adopter une nouvelle position en Asie du Sud-Est, retirant progressivement leurs troupes du Viêt Nam et s'efforçant de nouer des relations amicales avec la Chine. Cette évolution de la situation permit à la Thaïlande d'assouplir sa politique extérieure, notamment à l'égard de la Chine et du Viêt Nam-du-Nord. Parallèlement, la Thaïlande continua d'être confrontée à des actes de guérilla dans le nord du pays ainsi que le long de la frontière malaise. Le départ des troupes américaines d'Asie du Sud-Est eut des effets défavorables sur l'économie thaïlandaise. Cette conjoncture défavorable favorisa l'établissement d'un gouvernement militaire en novembre 1971. Les militaires, sous la houlette du général Thanom, abolirent alors la Constitution et procédèrent à la dissolution du Parlement. En décembre 1972, une nouvelle Constitution fut proclamée.

En 1973, une série de manifestations organisées par des étudiants opposés au gouvernement militaire contraignirent Thanom à démissionner et aboutirent à la nomination d'un cabinet civil. Fin 1974, une nouvelle Constitution fut approuvée et un gouvernement librement élu fut formé au début de l'année 1975. La stabilité n'en demeura pas moins difficile à rétablir et les élections organisées en avril 1976 ne suscitèrent guère de bouleversements. En septembre de la même année, le retour de l'ancien Premier ministre Thanom, qui était en exil à Singapour, donna lieu à Bangkok à des luttes sanglantes entre étudiants de gauche et partisans de Thanom, favorables à la droite. Début octobre, alors que les troubles gagnaient en ampleur, un groupe militaire, mené par l'amiral Sangad Chaloryu, prit le contrôle du pays et mit en place un gouvernement conservateur. L'année suivante, toutefois, ce gouvernement fut renversé par Sangad et son groupe. Sangad instaura un nouveau cabinet pour essayer de panser les divisions de la société thaïlandaise et d'améliorer les relations avec les régimes communistes des pays voisins. Une nouvelle Constitution fut promulguée en décembre 1978 et, en avril 1979, des élections furent organisées pour nommer une nouvelle Chambre des représentants. Le gouvernement mis en place par les militaires resta néanmoins au pouvoir jusqu'en mars 1980, date à laquelle il fut remplacé par un nouveau cabinet, mené par le général Prem Tinsulanond. Aux élections de 1983, le général Prem se retrouva à la tête d'un nouveau gouvernement de coalition. Il procéda à la dissolution de l'Assemblée nationale en 1986 et organisa de nouvelles élections. Son parti l'emporta mais, n'obtenant pas la majorité des voix, il dut reformer un gouvernement de coalition. Après les élections de juillet 1988, Chatchaï Choonhavan devint Premier ministre. Une junte militaire renversa le cabinet en février 1991 et lui substitua un gouvernement civil provisoire. La victoire aux élections de mars 1992 de partis promilitaires suscita à Bangkok une vague de manifestations exigeant la mise en place de réformes démocratiques qui furent réprimées dans la violence. Les élections organisées en septembre aboutirent à la formation d'un nouveau gouvernement de coalition dirigé par un vétéran de la politique, Chuan Leekpai, chef du parti démocrate.

En janvier 1995 le pays a, encore une fois, changé de Constitution. Cette modification a entraîné une nouvelle instabilité et une refonte des alliances politiques. Devant la précarité de la situation, Chuan Leekpai a dissous le Parlement le 19 mai 1995. Les élections qui suivirent ne lui ont pas permis de se maintenir au pouvoir. Une alliance de six partis, le Front de développement thaï, lui a succédé, Banharn Silpa Archa devenant Premier ministre. Ce scrutin a vu la montée en puissance des hommes d'affaires sur la scène politique, ceux-ci représentant 36 p. 100 des candidats.

Accusé de corruption et tenu pour responsable des difficultés économiques du pays, Banharn Silpa Archa démissionna en septembre 1996. À l'issue d'une campagne électorale qui figure parmi les plus violentes de l'histoire du pays, une coalition hétéroclite de six partis, dirigée par le général Chavalit Yongchaiyudh, a remporté les élections législatives.

La vie politique du pays fut secouée par de nouveaux scandales, et des alliances — parfois contre nature — furent entreprises entre les partis et au sein de la coalition au pouvoir. Une nouvelle réforme de la Constitution fut mise en chantier (26 décembre 1996) afin de remédier à l'instabilité gouvernementale qui gangrène la vie politique du pays.

Le jubilé des cinquante ans de règne du roi Bhumibol Adulyadej, autorité morale incontestée, donnèrent lieu en 1996 à des fêtes grandioses dans le pays. Elles furent mises à profit pour tenter de positionner la Thaïlande sur la scène internationale et régionale. Celle-ci accueillit deux importantes rencontres : le cinquième sommet des chefs d'État de l'Ansea (14-15 décembre 1995), et la première rencontre Europe-Asie (ASEM) les 1er et 2 mars 1996. La réunion de l'Ansea, à laquelle furent associés la Birmanie, le Cambodge et le Laos, déboucha sur la signature d'un traité de dénucléarisation de l'Asie du Sud-Est. La coordination des pays de l'Ansea, qu'elle assura à partir de juillet 1997, lui firent mener une diplomatie prudente (notamment avec la Chine). Elle démontra également son souci de normaliser les relations avec les États voisins — bien que la sécurité à ses frontières ne fut pas acquise : conflit opposant la guérilla karen à la Birmanie, camps de réfugiés cambodgiens à la frontière — avec lesquels elle chercha à développer une coopération économique régionale. Elle s'investit également dans les institutions internationales attachées à la libération des échanges (OMC, APEC, AFTA, etc.).

La situation économique plutôt favorable jusqu'en 1996 se détériora en 1997 pour devenir catastrophique, tant pour la Thaïlande que pour l'ensemble du sud-est asiatique. La crise financière qui s'ouvrit en mars 1997 trouve son origine dans l'endettement chronique du secteur financier. En juillet, le gouvernement décida de laisser flotter la monnaie qui perdit rapidement 30 p. 100 de sa valeur. Devant la gravité de cette crise monétaire, le FMI imposa en août un programme de coupes budgétaires, de réforme du système bancaire et d'augmentation d'impôt en contrepartie d'un crédit de 17,1 milliards de dollars. De plus, la situation économique fut aggravée par le phénomène climatique El Niño qui a fortement touché la pays entraînant une hausse des prix agricoles. La crise ne fut pas pour autant enrayée et toucha d'autre pays, comme la Corée et l'Indonésie.

Sur le plan intérieur, elle provoqua en octobre la démission de plusieurs ministres, et des personnalités du monde des affaires, pas ou peu impliquées dans le politique, furent placées aux postes clefs. Le 9 novembre 1997, le leader de l'opposition, Chuan Leekpai, fut nommé Premier ministre en remplacement du général Chavalit Yongchaiyudh démissionnaire. pour faire face à la crise, le gouvernement décida, en janvier 1998, l'expulsion de 300 000 travailleurs immigrés, première phase d'un programme visant un million de personnes.

 

 

1. PRÉSENTATION  
Birmanie, officiellement Myanmar, pays d’Asie du Sud-Est, limité au nord par la région autonome du Tibet (Chine), à l’est par la Chine, le Laos et la Thaïlande, au sud par la mer d’Andaman et à l’ouest par le golfe du Bengale, le Bangladesh et l’Inde. La Birmanie est une union fédérale composée de sept États peuplés en principe de non-Birmans (Arakan, Chin, Kachin, Karen, Kayah, Shan et Môn) et de sept « divisions » habitées par des Birmans (Rangoun, Irrawaddy, Mandalay, Sagaing, Tenasserim, Magway et Pégou). La région côtière est connue sous le nom de basse Birmanie et la région de l’intérieur sous celui de haute Birmanie. La superficie totale du pays est de 676 552 km², et sa capitale est Rangoun. C’est le plus vaste des pays de l’Indochine.


2. LE PAYS ET SES RESSOURCES  

2.1. Relief et hydrographie  
La Birmanie présente trois régions naturelles distinctes. Deux ensembles de massifs montagneux à l’ouest, au nord et à l’est, encerclent une longue dépression centrale parcourue par l’Irrawaddy (2 100 km). À l’ouest, l’Arakan Yoma est un ensemble de reliefs qui s’étend jusqu’en Assam, d’altitude comprise entre 1 500 m et 2 000 m, culminant à 3 053 m dans les monts Chin et Naga. Le plateau Shan, à l’est de la dépression, est un immense canyon traversé par la Salouen, qui se jette dans l’océan Indien (golfe de Martaban). C’est une région de collines ménageant des vallées et des bassins favorables aux établissements humains. Entre le rebord du plateau Shan et les premiers contreforts de l’Arakan se trouve la région centrale, une plaine qui est le berceau historique de la Birmanie drainée par l’Irrawaddy, la Chindwin et la Sitang. Le pays est très étiré et sa partie la plus large ne dépasse pas 960 km. Dans l’extrême-nord du pays, le Hkakabo Razi (5 881 m) est le plus haut sommet d’Asie du Sud-Est. Les côtes (2 500 km) sont très variées : rectilignes à l’ouest, jusqu’au delta de l’Irrawaddy qui avance de 50 m par an, elles forment un littoral de submersion au Tenasserim.

2.2. Climat  
La Birmanie, située sous le tropique du Cancer, est soumise à un climat tropical avec une période de mousson, de mai à novembre, qui frappe surtout les régions de l’Arakan (4 000 mm d’eau par an) et du Tenasserim. Le bassin de haute Birmanie bénéficie, quant à lui, d’un climat plus sec, aux pluies irrégulières. Ainsi, les précipitations annuelles moyennes peuvent varier entre les deux régions de 2 000 mm à 800 mm. Les températures moyennes varient de 21 °C en hiver à près de 40 °C en été.

2.3. Flore et faune  
La forêt couvre près de 57 p. 100 du territoire (68 p. 100 il y a trente ans). Les régions très exposées à la mousson abritent ainsi de vastes réserves de tecks (70 p. 100 des réserves mondiales), de bois de fer ou d’hévéas. Mais le reste du pays compte également de nombreuses autres essences, comme l’acacia, le bambou, le palétuvier, le cocotier, le chêne ou le pin et plusieurs variétés de rhododendrons. Les agrumes, les bananes, les mangues et les goyaves poussent dans les régions côtières.

Une faune sauvage habite les plateaux de haute Birmanie. On y trouve des éléphants (souvent domestiqués), des rhinocéros, des buffles sauvages, des sangliers et plusieurs espèces de cerfs et d’antilopes. Mais le pays possède également une multitude de singes, de tigres, de léopards, de chats sauvages et de tapirs, plus de 1 200 variétés d’oiseaux (perroquets, paons, faisans, corbeaux, hérons, etc.), de nombreuses espèces comestibles de poissons d’eau douce, sans oublier les crocodiles, les lézards, les cobras, les pythons et les tortues.

2.4. Ressources naturelles  
Les principales ressources naturelles sont agricoles et minières. La forêt, avec ses quelque 250 essences, présente un intérêt commercial certain, et la région de basse Birmanie offre des conditions climatiques exceptionnellement favorables à la culture du riz. Le sous-sol est riche et le pays compte d’importants gisements de plomb, zinc, argent, tungstène, charbon, pétrole, mais également rubis, jade et saphir.

3. POPULATION ET SOCIÉTÉ   3.1. Démographie  
La population de la Birmanie était estimée en 1998 à 47,3 millions d'habitants (soit une densité de 70 habitants au km2), le dernier recensement remontant à 1983. L’unité du pays est mal réalisée : les Birmans proprement dits représentent environ 80 p. 100 de la population, mais plusieurs minorités indigènes avec leur langue, leur culture et leur État propres revendiquent leurs différences. Il s’agit principalement des Chins (dans les montagnes du Nord-Ouest), des Kachins (à l’extrême-nord), des Karens (en basse Birmanie), des Shans (le long de la frontière thaïlandaise) et des Môns (dans la région du delta de l’Irrawaddy). La Birmanie abrite également quelques centaines de milliers de Chinois, d’Indiens et de métis. La population est rurale à plus de 73 p. 100.

3.2. Villes principales  
La capitale et principal port de mer Rangoun, appelée officiellement Yangon depuis 1989, compte 2 870 000 habitants. Mandalay (532 949 habitants), en Birmanie centrale, est un centre commercial essentiel et la capitale culturelle du pays. Moulmein, devenue officiellement Mawlamyne en 1989 (250 000 habitants environ), et Sittwe (150 000 habitants environ) sont deux ports importants.

3.3. Langues et religions  
Le birman, la langue officielle, appartient à la famille des langues sino-tibétaines. Elle est parlée par près des deux tiers de la population. Son alphabet repose sur le sanskrit et le pali, les deux langues sacrées du bouddhisme. La plupart des minorités ethniques utilisent des langues et des dialectes (126 au total) appartenant aux rameaux des langues tibéto-birmanes et môn-khmer. L’anglais et le chinois sont également utilisés.


Plus de 85 p. 100 des Birmans pratiquent le bouddhisme du petit véhicule (doctrine Theravada), parfois teinté d’animisme (culte des génies). Les Karens et les Chins ont été tardivement christianisés (XIXe siècle). On trouve également en Birmanie un petit nombre d’hindous et de musulmans.

3.4. Éducation  La civilisation birmane a été fortement marquée par l’influence indienne, mais elle a su cependant développer une langue et une littérature originales. L’éducation est libre et l’école primaire est obligatoire. L’instruction se fait en birman, mais l’anglais est la seconde langue et on le pratique dans un grand nombre d’établissements secondaires. 83,1 p. 100 de la population est alphabétisée. Les principales universités de Birmanie sont l’université de Rangoun (fondée en 1920) et l’université de Mandalay (fondée en 1925).

3.5. Culture  
La Birmanie est l’un des pays d’Asie où le bouddhisme est le plus profondément enraciné. On compte par milliers les temples (ou pagodes) où sont conservés de nombreux livres et objets d’art religieux. La gigantesque pagode dorée de Schwedagon à Rangoun, haute de 112 m, avec son sommet orné d’une boule en or incrusté de plus de 2 500 pierres précieuses est, de loin, l’édifice le plus célèbre, avec le Bouddha couché (78 m de long) vénéré dans tout le pays. Le pays est également empreint d’une longue tradition de poésie historique et religieuse, alors que les œuvres en prose ne prirent de l’importance qu’à la fin du XIXe siècle. Le premier écrit en langue birmane remonte à 1113 apr. J.-C. Le théâtre apparut au début du XVIIIe siècle. U Ponnya, dit Ponnya de Salé (1812-1866), est considéré comme le plus grand dramaturge birman. L’art profane est rare, et la sculpture et la peinture se pratiquent essentiellement dans le cadre du bouddhisme. Les artisans sont réputés pour leurs laques et leurs tissages de soie.

3.6. Institutions et vie politique  La Constitution adoptée à l’accession à l’indépendance de la Birmanie en 1948 a été abolie lors du coup d’État de mars 1962. À partir de 1974, une nouvelle Constitution régit le pays en tant que république socialiste, jusqu’au coup d’État militaire de septembre 1988. Depuis cette date, le chef de l’État et du gouvernement exerce l’autorité législative et exécutive avec l’aide d’une Assemblée constituante de 485 membres élus. Le tribunal le plus important est le Conseil des juges du peuple. Tous les tribunaux civils ont été suspendus à l’arrivée des militaires au pouvoir. La Birmanie est administrée de façon centralisée depuis Rangoun.

Après le coup d’État de 1962, la Birmanie a été soumise au BSPP (Parti du programme socialiste birman), reconnu comme le seul parti politique légal. Jusqu’en 1988, le groupe d’opposition dominant était le Parti pour l’unité nationale, remplacé aujourd’hui par la Ligue nationale pour la démocratie de Mme Aung San Suu Kyi, prix Nobel de la paix en 1991.

En 1993, les forces armées de Birmanie comprenaient quelque 286 000 personnes. Le pays compte également deux unités paramilitaires : la force de police du peuple (50 000 hommes) et la milice du peuple (35 000 hommes).

4. ÉCONOMIE  
La Birmanie est avant tout un pays agricole. Le développement de l’industrie, presque inexistante avant la Seconde Guerre mondiale, s’est accéléré dans les années soixante et soixante-dix, et beaucoup d’entreprises privées ont été nationalisées. Dans les années quatre-vingt-dix, le pays a radicalement orienté son économie vers une ouverture aux investissements des voisins asiatiques (Chine, Thaïlande, Singapour) et des États-Unis.

4.1. Agriculture  
La Birmanie est l’un des premiers producteurs mondiaux de riz : en 1998, on en récoltait près de 16,6 millions de t (provenant essentiellement du delta de l’Irrawaddy) par an. Les autres cultures importantes, pratiquées majoritairement dans de petites exploitations des plaines centrales, sont le maïs, le blé, le millet, le sésame, la canne à sucre, l’arachide, le coton, le tabac, les fruits et les légumes. Le pavot est cultivé dans le Triangle d’Or, dans l’État Shan, et permettrait la production d’environ 2 200 t d’opium, soit 220 t d’héroïne par an.

Les forêts de Birmanie sont une importante source de richesse, en particulier pour le teck et le caoutchouc naturel sans oublier la production de quinine et de cachou (utilisé pour la teinture).

Les poissons d’eau douce sont principalement pêchés pour la consommation locale et offrent une importante source de protéines. Le gouvernement encourage aujourd’hui la pêche en mer.

4.2. Mines et industries  La plupart des gisements minéraux sont situés dans les régions montagneuses de l’ouest et le long de la côte du Tenasserim. On y exploite des pierres précieuses (jade, rubis, saphirs), ainsi que le cuivre, le nickel, l’argent, le plomb et le zinc. La production minérale comprend également de l’argent, du plomb raffiné, des concentrés de zinc, de cuivre, du gaz naturel et du minerai de fer. L’exploitation des gisements de pétrole est freinée par la pauvreté des moyens de communication et les réserves ne dépasseraient pas 7 millions de t.

L’industrie du pays concerne essentiellement le traitement des produits agricoles (riz, sucre, céréales) et du bois (scieries, contreplaqué), le textile (filatures de coton), le ciment et le raffinage du pétrole.

La Birmanie a un important potentiel de production d’hydroélectricité, notamment grâce au barrage de Kinda. En 1997, près de 38 p. 100 de son électricité provenait d’installations hydroélectriques, le reste étant généré par des centrales thermiques fonctionnant au charbon ou au pétrole raffiné (en tout 4,2 milliards de kWh).

4.3. Échanges  L’ensemble du commerce extérieur est contrôlé par le gouvernement mais une participation directe des entreprises est possible depuis 1990. Les principales exportations (d’une valeur totale de 732 millions de dollars en 1996) sont le bois (surtout le teck), les produits de l’agriculture (riz, légumes secs, coton) et les minéraux et pierres précieuses. Les importations (1,36 milliard de dollars en 1996) comprennent surtout les biens d’équipement industriel, les matériels de transport, les produits chimiques, les textiles et les denrées alimentaires. Les principaux partenaires commerciaux de la Birmanie sont le Japon, la Chine, Singapour, l’Indonésie, l’Allemagne, la Grande-Bretagne et les États-Unis. Il est à noter que la contrebande est importante et le trafic de drogue particulièrement actif (Triangle d’Or).

Le réseau ferré (3 336 km de voies), détenu et exploité par le gouvernement, relie toutes les villes importantes du pays mais n’offre aucune connexion avec l’étranger. La navigation fluviale, avec 5 800 km de fleuves et de canaux navigables, reste un moyen de transport privilégié. Le réseau routier représente 28 200 km, dont un sixième seulement est goudronné. Plusieurs routes traversent la frontière, en particulier la route de Birmanie, qui mène en Chine. Une compagnie aérienne gouvernementale offre des liaisons intérieures et internationales.

En Birmanie, la poste, le télégraphe, le téléphone et la radio sont contrôlés par le gouvernement. L’unité monétaire est le kyat. Toutes les banques ont été nationalisées en 1963, puis fusionnées pour former l’Union de Banques de Birmanie, qui gère les opérations bancaires, contrôle la monnaie et sert d’agent bancaire au gouvernement.

5. HISTOIRE   5.1. Les trois empires birmans  Le peuple Pyu est le premier à s’établir en Birmanie, dans la vallée centrale, dès le VIIe siècle, tandis que les Môns s’installent en basse Birmanie trois siècles plus tard. Ces derniers ne jouent pas un rôle politique de premier plan mais culturel. Ce sont eux qui introduisent le bouddhisme theravada et la culture du riz. Le premier empire birman unifié est fondé par le roi Anawratha (1044-1077) à Pagan, en haute Birmanie. Il conquiert la capitale môn de Thaton. La structure de l’État est celle d’un royaume financé par des impôts directs et des obligations de services pour les villages, dirigés par les myothugis (« chefs de municipalité »). Au fil du temps, de plus en plus de terres sont données à des monastères bouddhistes, puis transformées en villages consacrés à l’entretien du sangha (« clergé »). La royauté est légitimée à la fois par l’idéologie religieuse et le rôle de défenseur de la foi tenu par le roi. Après deux cent cinquante ans de paix relative, le royaume tombe en 1287 aux mains des armées mongoles. Il s’ensuit une période de turbulences au cours de laquelle la haute Birmanie subit la domination des Shans, tandis que la basse Birmanie tombe sous le contrôle des Môns. L’unité du pays est rétablie, avec l’aide d’aventuriers portugais, par Bayinnaung (1515-1581), troisième roi de la dynastie Toungoo. Cette dynastie est renversée peu de temps après par une rébellion môn. En 1752, Alaungpaya fonde la dynastie Konbaung en restaurant la domination birmane puis en conquérant Ayuthya, l’Arakan, le Manipur et l’Assam.

5.2. Les guerres anglo-birmanes  La pression commerciale et politique croissante des Européens provoque la chute de la dernière dynastie birmane : en effet, les Britanniques, les Néerlandais et les Français ont des intérêts concurrents dans le pays. Les Britanniques accusent les Birmans d’exactions dans leurs territoires de l’Inde et déclenchent ainsi la première guerre anglo-birmane (1824-1826). Le traité de Yandabo laisse aux Britanniques le contrôle de l’Arakan, de l’Assam, du Manipur et du Tenasserim. La production de riz et de bois d’œuvre prospère dans ces deux zones sous contrôle britannique, tandis que la stabilité politique relative amène une croissance massive de la population. Ce schéma se répète après que le reste du delta eut été annexé à l’issue de la seconde guerre anglo-birmane (1852-1855). L’ambition commerciale et les prétextes politiques, aiguisés par les rivalités régionales anglo-françaises, précipitent l’annexion finale au cours de la troisième guerre de 1885. Le 1er janvier 1886, la Birmanie est proclamée province de l’empire des Indes.

5.3. La domination britannique  
Sous la domination coloniale, les liens entre le gouvernement et la religion se perdent, les ordres monastiques tombent en déconfiture et leurs écoles, qui ont donné à la Birmanie un taux d’alphabétisation plus élevé que celui de l’Angleterre à la même époque, déclinent au fur et à mesure que l’anglais devient la langue de la promotion sociale. Néanmoins, la culture indigène persiste à travers le monde magique du pwe (« théâtre »), la pratique du bouddhisme et l’animisme.

Rangoun, promue capitale du pays, devient le point d’appui d’une administration où les dirigeants locaux maintiennent la loi et l’ordre, collectent les recettes et administrent la justice. La Birmanie devient le premier exportateur mondial de riz (de 0,5 million de tonnes avant la chute de Mandalay à 3 millions avant le début de la Seconde Guerre mondiale). En 1937, la Birmanie est séparée de l’Inde, mais la domination britannique a déjà provoqué l’émergence d’un mouvement nationaliste. En 1941, Ba Maw, Aung San, U Nu et le général Ne Win tentent de conquérir l’indépendance : le mouvement Thakin (« maître ») forme une Armée d’indépendance de la Birmanie (BIA) avec l’aide des Japonais qui, en mai 1942, occupent presque tout le pays. Le 1er août 1943, l’indépendance est proclamée. Mais, comme dans les autres pays d’Asie occupés, le pillage systématique par les Japonais des ressources de la Birmanie au nom de la sphère de coprospérité asiatique leur aliène le soutien des nationalistes. Le mouvement nationaliste profite de la faiblesse du gouvernement installé par les Japonais pour fonder en 1944 la Ligue antifasciste pour la liberté du peuple (AFPFL) et résister à la domination nippone.

Après la guerre, les Britanniques découvrent que l’AFPFL, dirigée par Aung San, a la mainmise sur le pouvoir politique indigène. L’AFPFL négocie avec la Grande-Bretagne et obtient l’indépendance pour la Birmanie le 4 janvier 1948, tout en refusant de faire partie du Commonwealth. Les groupes ethniques des Shans et des Karens sont inclus dans la république « fédérale » et Aung San obtient une écrasante majorité de sièges à l’Assemblée constitutionnelle. En juillet 1947, U Saw, un rival politique nationaliste, fait assassiner Aung San et six de ses ministres. U Nu, ancien leader des étudiants nationalistes, est appelé à diriger l’AFPFL et le gouvernement.

5.4. La démocratie constitutionnelle  
Le gouvernement de l’AFPFL dirigé par U Nu est rapidement confronté à de nombreuses insurrections de la part des Karens et des Shans. Au cours des années cinquante, une révolte des Karens est écartée et les insurgés communistes sont forcés de se retirer dans les collines. La Birmanie met alors en place une politique étrangère rigoureusement non-alignée. Le pays connaît par la suite une période de relative prospérité économique. La domination de l’AFPFL est renforcée lors des élections nationales de 1951-1952 et de 1956, mais en 1958, une scission du parti nécessite l’intervention constitutionnelle d’un gouvernement intérimaire militaire pendant dix-huit mois, sous la direction du général Ne Win. Son gouvernement resserre la discipline administrative et contient les prétentions séparatistes des États shans. Les élections de 1960 offrent une victoire retentissante à la faction de U Nu. Mais sa décision de promouvoir le bouddhisme au rang de religion d’État et sa tolérance vis-à-vis du séparatisme ethnique précipitent un coup d’État sans effusion de sang qui rétablit la domination militaire de Ne Win en mars 1962.

5.5. Le régime Ne Win  Pendant les années soixante et soixante-dix, Ne Win tente de bâtir un gouvernement totalitaire efficace, d’établir sa légitimité auprès des Birmans et de maintenir l’autonomie du pays sur la scène internationale. Le pays s’engage alors sur la « voie birmane du socialisme » avec le Parti du programme socialiste de Birmanie, ce qui a pour conséquence une catastrophe économique sans précédent, accompagnée d’une diminution des libertés personnelles. Les principaux secteurs de l’économie sont étatisés. La nouvelle Constitution de 1974 transfère le pouvoir du parti unique du Conseil révolutionnaire militaire à une Assemblée du Peuple dirigée par Ne Win et d’autres anciens dirigeants militaires.

Les insurrections ethniques qui éclatent dans les États kachin et shan isolent d’importantes régions (surtout la partie birmane du Triangle d’Or, fournisseur essentiel du marché mondial de l’opium) qui échappent au contrôle du gouvernement. L’insurrection du Parti communiste de Birmanie garde le soutien officiel de la Chine. U Nu, réfugié en Thaïlande, tente sans succès d’appeler au renversement du gouvernement Ne Win. En 1980, il est autorisé à revenir en Birmanie comme simple citoyen. En 1981, Ne Win abandonne la présidence du pays à San Yu, un général, mais garde la direction du parti.

Durant cette période, le gouvernement met l’accent sur l’autonomie de la Birmanie, en réduisant sa dépendance vis-à-vis de l’aide étrangère et en différant son adhésion à la Banque de développement asiatique. La Birmanie rompt même ses liens avec le groupe des pays non-alignés en 1979 pour protester contre ses inclinations prosoviétiques ; elle y est réadmise en août 1992.

5.6. Le coup d’État militaire  
Les émeutes antigouvernementales de mars et de juin 1988 amènent Ne Win à démissionner de la présidence du parti en juillet, déclenchant une période de forte instabilité politique. En septembre, le général Saw Maung, chef d’état-major sous Ne Win, sort vainqueur d’une lutte sanglante pour le pouvoir et instaure un gouvernement militaire : le Conseil de restauration de la loi et de l’ordre de l’État (SLORC). En juin 1989, le nom du pays est officiellement changé en Union du Myanmar et le nom de la capitale de Rangoun en Yangon. Les élections législatives de mai 1990 voient la victoire écrasante du parti d’opposition, la Ligue nationale pour la démocratie, dirigé par Mme Aung San Suu Kyi (fille de Aung San, assignée à résidence dès 1989 et prix Nobel de la paix 1991), mais le SLORC refuse la tenue de la convention de l’Assemblée du Peuple et poursuit sa politique de répression. Malade, Saw Maung est remplacé à la tête du SLORC par le général Than Shwe en avril 1992. Mme Aung San Suu Kyi retrouve la liberté le 10 juillet 1995, et la Birmanie connaît alors une relative libéralisation de son économie. Après de nouvelles émeutes étudiantes en décembre 1996 et en 1997, Mme Aung San Suu Kyi est de nouveau placée en résidence surveillée. La rébellion Karen connaît des défections à la suite du ralliement de la DBKA (l’Armée démocratique bouddhiste karen) au gouvernement militaire. Dans les États shan, où les militaires birmans et thais collaborent étroitement, un accord est passé entre le gouvernement birman et l’armée hmong-thaï du général Khun Sa. Le rôle du trafic de drogue dans la vie politique et économique du pays explique l’interdiction américaine et les réserves de l’Union européenne quant aux investissements à destination de la Birmanie. Pourtant, ce relatif isolement a été rompu depuis juillet 1997 avec l’adhésion du pays à l’ASEAN (Association des nations du Sud-Est asiatique). Cependant, cette adhésion n’entraîne pas de vrais échanges commerciaux et économiques. L'objectif visé est plus de s'affranchir de la pression occidentale et de soustraire le pays à l'influence de la République populaire de Chine. Si une détente des relations s’est opérée avec les pays membres de l'ASEAN, les rapports avec la Thaïlande sont restés très tendus. Ainsi, en janvier 1998, le gouvernement thaïlandais a procédé au rapatriement vers la Birmanie de 300 000 travailleurs immigrés illégaux.

Les mesures à l’encontre de Aung San Suu Kyi se sont poursuivies toute l’année. Le 6 septembre 1998, la junte militaire a fait arrêter 110 membres de la Ligue nationale pour la démocratie (LNP) afin d'éviter la réunion du Parlement élu en 1990. En juin 1999, la Birmanie a été exclue de facto de l’OIT (Organisation internationale du Travail) pour recours au travail forcé.

 

 

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