INFORMATIONS   SUR   LES   AMÉRINDIENS

SOMMAIRE  :

  • 1986 : mon premier contact

  • 2001 : l'alternative indienne

  • Les paroles de Cerf Boiteux

  • Amérindiens

  • Guerres indiennes

  • Réserves indiennes

 

1986 : mon premier contact

Les rencontres  nous réserve parfois des surprises. Ainsi ai-je rencontré pour la première fois un Amérindien non dans une « réserve » (quel mot horrible) mais dans un lavoir de Los Angeles.

C’était en 1986. J’avais été boire un café scrutant les allées et venues dans le lavoir d'en face, quand j’aperçus quelqu’un ouvrir la porte du séchoir où se trouvaient mes habits. Intrigué et un peu inquiet sur les intentions de ce personnage, je l'ai rapidement rejoint. Alors que je vérifiais que tous mes habits étaient dans le tambour, je constatais qu’ils y en avaient qui ne m’appartenaient pas. L’inconnu vint vers moi m’expliquer qu’il les avait mis car il n’avait pas d’argent pour payer le séchoir. Quelle fut ma surprise quand je constatais que ce quinquagénaire avait tout les traits d’un « vrai » Amérindien ! Je ne me rappelle évidemment pas des détails de la conversation qui s’ensuivit sinon qu’il était bel et bien un Natif d'Amérique du Nord de souche pure et qu’il souffrait d’une forme d’exclusion sociale comme beaucoup des siens et peut-être aussi d'alcoolisme.

2001 : l'alternative indienne 

Quinze ans plus tard, me revoici de plein pied dans la culture amérindienne avec la découverte des totems tlingits et haidas de Colombie-Britannique. Mon intérêt pour ces cultures a été encore plus éveillé par la visite du musée d'histoire de la société à Helena, suivie de celle du musée Lewis et Clark à Great Falls et celui des Rockies à Bozeman. J'ai également lu des livres d’où sont tirés quelques passages et photos.

Je vois déjà certains lecteurs se demander où je les emmène. En fait, mon intérêt subit pour les Amérindiens n’est pas si fortuit que cela. En effet, je suis séduit par la vision « écocentrique » des Natifs d'Amérique du Nord qui ont toujours essayé de garder un lien spirituel étroit entre la « terre mère» et le Grand Esprit nommé « Wakan Tanka » par les Sioux et "Manitou" par les Navajos.

Ils n’ont pas été les seuls à vivre ainsi en harmonie avec la nature mais la confrontation brutale avec notre culture et le génocide à grande échelle qui s’ensuivit m’ont rendu plus sensible à leur histoire que pour d’autres cultures auxquelles je me suis intéressé comme certaines en Océanie par exemple.

Je me suis rapidement rendu compte à quel point j’étais ignorant à leur sujet et, pire que tout, que je traînais de vieux clichés datant des films westerns de mon enfance. Savez-vous qu’il existe plusieurs nations indiennes d’Amérique du Nord parlant plus de cinq cents dialectes ? Que plus de 800 traités ont été conclus entre le gouvernement des Etats-Unis et les nations indiennes dont seulement 400 ont été ratifiés par le Sénat et que tous ont été violés d’une manière ou d’une autre par les « Blancs » (Beverly Wright, cf *1) ? Que les dernières « guerres indiennes » eurent lieu à la fin du XIXe siècle seulement ? Que plus de quarante millions de bisons ont été tué par les Américains au XIXe siècle et l’espèce menacée de disparition dans le but d’affamer les Indiens ? Qu’à la fin de ces guerres s’ensuivit une politique de découpage des réserves (General Allotment Act, 1887) et d’acculturation par l'interdiction de pratiquer leurs rites et le placement de force de leurs enfants dans des internats ? Je pourrai encore allonger la liste des horreurs commises par les « Blancs » à l’égard des Indiens mais tel n’est pas mon but. (J'emploie volontairement ici le terme de "Blancs" pour englober aussi bien les américains que les premiers pionniers européens).

A la base de ce génocide, il y avait une profonde divergence sur la conception de la responsabilité de l’homme par rapport à son environnement.

« Pour les Indiens, l’équilibre écologique et la conservation des ressources naturelles constituaient la garantie de leur survie : le territoire, la terre n’avaient pour eux aucune valeur économique en soi.

Les Indiens considéraient la terre comme un être vivant, un organisme palpitant avec la  même intensité que le corps animal et humain, comme une mère dont toutes les créatures se nourrissent pour vivre. Ils entretenaient une relation harmonieuse et, dans un certain sens, amoureuse avec la nature.

Pour les Indiens d’Amérique la terre, foyer de leurs ancêtres, représente le fondement même de leur identité et de leur sécurité collective. La spiritualité et la religion indiennes sont profondément enracinées dans la terre. »  (S. Bedetti, *2)

Cette vision holistique et « écocentrique » ne pouvait évidemment pas coïncider avec la vision « anthropocentrique » de notre culture technico-industrielle. « Dans cette optique, le monde et l’environnement dépendent d’un sujet unique : l’homme ;  l’environnement et les autres êtres vivants sont des objets, des machines à la disposition de l’homme » (S. Bedetti, * 2). Je reviendrai sur ce sujet dans l'épilogue.

Les épidémies en tout genre, les guerres puis la famine ont finalement eu raison des Indiens qui se sont progressivement effacé devant la rapacité des prétentions territoriales des nouveaux colons. Heureusement, le renouveau indien est en route offrant une alternative au mode de vie capitaliste et ultra-consommateur des Américains.

Nous voilà bien loin des rivières me diront les pêcheurs. « Mais pas du tout » leur répondrai-je car la pêche m’aide dans ma propre recherche à concilier une existence urbaine moderne avec une vie spirituelle englobant la nature. Je vous l’ai souvent dit : d’instinct, je me sens comme dans une cathédrale quand j’ai les pieds dans l’eau. Reste à trouver le sens profond de ce sentiment. La découverte du monde spirituelle des Indiens d’Amérique du Nord me rapproche de leur culture. Je les ressens comme des apôtres bienvenus dans ma quête spirituelle.

Je vous invite maintenant à lire les articles ci-dessous tirés de l'Encyclopédie Encarta 2000. Je recommande la lecture du GEO hors-série : Indiens d'Amérique du Nord, de mai 2001

*1 : « Histoire des Indiens d’Amérique du Nord », Arlene Hirschfelder, préface de B. Wright, Larousse 2001

*2 : « Les secrets des Indiens d’Amérique », S. Bedetti, Edition De Vecchi S. A. 1999  

Les paroles de Cerf Boiteux :

"Selon notre optique, le symbole indien est le cercle, la boucle. La nature veut la rondeur des choses. Les corps des humains et des animaux n'ont pas d'angles. En ce qui nous concerne, le cercle est le symbole des hommes et femmes rassemblés autour du feu de camp, parents et amis réunis en paix pendant que le calumet passe de main en main. Le camp dans lequel chaque tipi avait sa place forme aussi un cercle. Le tipi est un cercle où l'on s'assoit en cercle; toutes les familles du village sont également des cercles dans ce cercle, lui-même partie de la plus grande boucle que forment les sept feux de camp des Sioux, représentant la nation sioux. La nation est seulement une partie de l'univers en lui-même circulaire dont font partie la terre, le soleil, les étoiles qui sont tous ronds. La lune, l'horizon, l'arc-en-ciel sont aussi des cercles insérés dans des cercles sans commencement ni fin.

A nos yeux, cela est beau et tout à fait approprié, symbole et réalité en même temps, expression de l'harmonie et de la nature. Notre cercle se répand, sans fin, éternellement; il est la vie émergeant de la mort - la vie qui apprivoise la mort.

Le symbole de l'homme blanc est le cadre. Le cadre de sa maison, des buildings où sont ses bureaux, avec des murs de séparation. Partout des angles et des rectangles : la porte qui interdit l'entrée aux étrangers, le dollar en billet de banque, la prison. Le rectangle, ses angles, un cadre. De même pour les gadgets de l'homme blanc - boîtes, boîtes, boîtes et encore des boîtes  - téléviseurs, radios, machines à laver, ordinateurs, automobiles. Toutes ces boîtes ont des coins, des angles abrupts - des arêtes dans le temps, le temps de l'homme blanc, ses rendez-vous, le temps de ses pendules, ses heures de pointe - c'est ce que les coins signifient à mes yeux."

Extrait de De Mémoire Indien, Tahca Ushte - Richard Erdoes

1. PRÉSENTATION  Amérindiens, peuples indigènes des Amériques, également appelés Indiens d’Amérique. Le terme d’Indien fut employé la première fois par Christophe Colomb qui, en abordant le continent et les îles d’Amérique, croyait à tort avoir atteint les Indes, en Asie. Le terme Amérindien désigne les peuples originaires d’Amérique du Nord, de Méso-Amérique (Mexique et Amérique centrale) et d’Amérique du Sud.

De nombreux anthropologues pensent aujourd'hui que les Indiens descendent de peuples asiatiques parvenus en Amérique du Nord par le détroit de Béring.

2. PREMIERS HABITANTS  
On pense qu’à l’époque où les premiers colons européens débarquèrent aux Amériques, le continent comptait plus de 90 millions de personnes : environ 10 millions habitaient au nord du Mexique actuel, 30 millions vivaient au Mexique, 11 millions en Amérique centrale, 445 000 dans les îles des Caraïbes, 30 millions dans la région andine sud-américaine et 9 millions dans le reste de l’Amérique du Sud. Il s’agit d’estimations : certains avancent des chiffres bien inférieurs.

3. PEUPLEMENT ET PREMIÈRES MIGRATIONS  
Il est généralement admis que le peuplement de l’Amérique commença pendant la période glaciaire qui débuta il y a environ 30 000 ans : des tribus originaires d’Asie, pratiquant la chasse, la pêche et la cueillette et disposant d’outils de pierre et d’os typiques de la fin du Paléolithique, franchirent le détroit de Béring alors émergé et se dispersèrent vers le sud à la poursuite du gibier. La présence humaine est attestée en 22000 av. J.-C. au Canada (Yukon), en 21000 av. J.-C. au Mexique, en 18000 av. J.-C. au Pérou. Il semble que le sud du continent fut atteint en 10000 av. J.-C.

Certaines caractéristiques physiques des populations amérindiennes, d’origine asiatique commune, se différencièrent en fonction de l’environnement et des habitudes alimentaires.

Vers 7000 av. J.-C. eut lieu un réchauffement climatique qui modifia les conditions de vie et permit l’apparition des premières pratiques agricoles. Néanmoins, le mode de vie des chasseurs-cueilleurs nomades ne disparut pas pour autant et resta même majoritaire dans certaines régions.

4. PRINCIPALES ZONES CULTURELLES  
Une zone culturelle est avant tout une région géographique avec un climat, une topographie et une population biologique, faune et flore, caractéristiques. Les êtres humains peuplant la région doivent s’adapter à cet environnement particulier pour en tirer leurs moyens de subsistance.

4.1. L’Amérique du Nord  
Régions d'Amérique du Nord

Les Amérindiens mettent en scène leurs mythes religieux et les processus naturels qui ont lieu sur la terre à l'aide de danses costumées et de rituels. Cette lithographie représente la danse de l'ours dans laquelle les membres de la tribu portent des masques à têtes d'ours et effectuent une danse qui imite les mouvements de l'animal. Un tel rituel est censé permettre aux danseurs d'accéder aux pouvoirs des grands esprits et de porter chance à la tribu.

4.1.1. Le Sud-Ouest  
Le Sud-Ouest était peuplé au XVe siècle de deux types de tribus indiennes : les cultivateurs sédentaires et les nomades. Les premiers cultivateurs, les Hohokams, produisaient maïs, haricots et courges dès 300 av. J.-C. : ils sont les ancêtres des Pimas et Papagos actuels. Les plus célèbres agriculteurs sont néanmoins les Pueblo, descendants des Anasazis dont la culture se différencia vers 750 apr. J.-C. : culture du maïs, haricots, courges, maisons en pierre, poterie. La culture de ces Indiens Pueblos, dont les Zuni et les Hopi, semble assez préservée aujourd’hui.

Pueblo Bonito, au Nouveau-Mexique, est un site archéologique datant des IXe et Xe siècles.

À l’ouest de la zone vivaient les peuples appartenant au groupe linguistique yuman, dont les Havasupais et les Mojaves. Les nomades, de langue athabasque, arrivèrent dans le Sud-Ouest au XVe siècle ; ils apprirent l’agriculture auprès des Pueblos et l’élevage auprès des Espagnols : ce sont les Navajos et les Apaches.

4.1.2. Woodlands  
À partir de 1200 av. J.-C., les habitants de cette immense région boisée commencèrent à cultiver tournesol, amarante, sureau des marais, chénopode, et la pêche s’accrut le long des régions côtières.


Après 1000 av. J.-C., la population de la partie atlantique déclina. Dans le Midwest apparurent les premiers Mound Builders, les Hopewells, qui construisirent de grands tumulus funéraires pour leurs chefs ou pour leurs cérémonies religieuses. Cette culture hopewell disparut vers 400 apr. J.-C. En 750, la « culture du Mississippi », reposant sur la culture extensive du maïs, se développa et vit la création de grandes villes : la plus grande semble avoir été Cahokia, sur le site actuel de Saint Louis, qui aurait abrité plus de 50 000 personnes.


Les premiers Européens à aborder Terre-Neuve venaient d’Islande, aux alentours de l’an mille. La colonisation de la région par les Européens ne débuta qu’au XVIIe siècle et ne rencontra qu’une faible résistance, les épidémies importées de l’Ancien Monde ayant décimé les Indiens de la région.

Les Indiens des Woodlands comprennent les Iroquois et des peuples linguistiquement affiliés aux Algonquins, les Lenapes (Delaware), les Micmac, les Narragansetts, les Shawnees, les Potawatomis, les Menominees et les Illinois.

Indiens Delaware

4.1.3. Le Sud-Est  
Les peuples du Sud-Est comprenaient les Cherokees, les Choctaw, les Chikasaws, les Creek et les Séminoles, connus sous le nom des « Cinq Nations », qui firent preuve d’une grande faculté d’adaptation pour résister à l’invasion européenne. Les Natchez, autre peuple du Sud-Est réputé pour leur construction élaborée de tumulus, furent anéantis par les Européens au XVIIIe siècle.

                                                                       Habitation Natchez (reconstitution) =>

4.1.4. Les Plaines  
La chasse au bison était la principale source de nourriture des peuples de cette zone culturelle jusqu’à l’extermination des troupeaux de bisons sauvages dans les années 1880. La plupart des Indiens des Plaines vivaient en petites bandes nomades ; certains bâtirent quelques villages agricoles le long des fleuves des Plaines centrales.


La culture des Indiens des Plaines est devenue célèbre et est souvent considérée comme le stéréotype de la culture « indienne » : les coiffes de longues plumes, le tipi, le calumet de la paix, les costumes et les danses.

Les premiers Indiens des Plaines étaient les Pieds-Noirs, des chasseurs de bisons, les Mandan et les Hidatsa, des peuples agricoles de la région de la rivière Missouri. Puis certaines tribus Shoshones et Comanches, les Sioux, les Cheyennes et les Arapahos, migrèrent vers les Plaines à partir de 1450.

4.1.5. Le Grand Bassin et la Californie  Les Amérindiens de cette région développèrent un mode de vie archaïque — chasse rustique au daim et au mouton, pêche (lions de mer, dauphins, etc.), prise au filet d’oiseaux migrateurs, collecte de pignons et de baies sauvages — entre 8000 av. J.-C. et 1850 apr. J.-C. Ils bâtirent des villages assez simples, avec des maisons en chaume, et ne portaient pratiquement pas de vêtements l’été. La technologie agricole était perfectionnée ; la vannerie devint même un véritable art.

Cette région comprend les Païutes, les Utes et les Shoshones, les Klamaths, les Modoc, et les Yuroks, les Pomos, Maidus, Miwoks, Patwins et Wintuns, et les « tribus des missions ».

4.1.6. Les Plateaux  

Le chef Joseph, chef des Nez-Percés, peuple indien du nord-est de l'État de l'Oregon, aux États-Unis, était respecté pour son génie militaire et son éloquence. Extrait de son discours de reddition : « Certains membres de mon peuple se sont enfuis dans les montagnes où ils n’ont ni couvertures ni nourriture. Personne ne sait où ils se trouvent ; ils sont peut-être en train de mourir de froid. Je veux qu’on m’accorde le temps de chercher mes enfants, mais combien en trouverai-je ? Sans doute sont-ils parmi les autres morts. Écoutez-moi bien, je suis las, et mon cœur est malade et triste. À partir d’aujourd’hui, je ne me battrai plus jamais. »

Les Indiens vivaient l’hiver dans des villages composés de maisons rondes construites en contrebas et campaient l’été dans des maisons en natte. Ils faisaient sécher d’énormes quantités de saumon pêché dans les fleuves Columbia, Snake ou Fraser et de camas qui leur servaient de provisions pour l’hiver et, sur la rive inférieure du fleuve Columbia, les tribus Wishram et Wasco tenaient une ville de marché.

Les Indiens des Plateaux comprennent les Nez-Percés, les Wallawallas, les Yakimas et les Umatillas du groupe linguistique sahaptian, les Têtes-plates, les Spokanes et les Okanagons du groupe linguistique salishan, les Cayuse et les Kutenais (sans appartenance linguistique).

4.1.7. Zone subarctique  La moitié est de cette région était autrefois recouverte de glace ; la pauvreté du sol et la courte période d’été rendaient impossible toute forme d’agriculture. Les Indiens, nomades, pêchaient et chassaient l’élan et le caribou.

Les Indiens de la moitié est sont des Algonquiens, qui comprennent les Cree, les Ojibwés (également appelés Chippewas), les Montagnais et les Naskapis. La moitié ouest abrite les peuples appartenant au groupe linguistique athabasque, dont les Chipewyans, Castors, Kutchins, Ingaliks, Kaskas et Tanana.

4.1.8. Côtes nord-ouest du Pacifique  
La richesse et la diversité des ressources alimentaires favorisèrent l’installation d’une population dense, organisée en grands villages et vivant dans des maisons de bois abritant une famille étendue, parfois avec des esclaves, et dirigée par un chef. L’hiver, avaient lieu des cérémonies appelées potlatchs. Le commerce constituait une activité importante.


Cette zone culturelle fut peuplée vers 3000 av. J.-C., le travail du bois et l’artisanat en général y atteignirent un haut degré de sophistication. Les tribus de cette zone sont les Tlingit, Tsimshians, Haidas, Kwakiutls, Nootkas, Chinook, Salishs, Makahs et Tillamooks.

Ce totem mortuaire est fabriqué par le peuple indien Haida, qui vit sur les îles de la Reine-Charlotte, au large de la Colombie-Britannique, au Canada.

4.1.9. L’Arctique  
La longueur de l’hiver rend impossible toute forme d’agriculture ; les Inuits ou Eskimos vivent de la pêche et de la chasse.


La région arctique resta inhabitée jusqu’en 2000 av. J.-C., époque à laquelle les glaciers commencèrent à fondre. En Alaska, les Inuits et les Yuits (également appelés Youpiks) développèrent une technologie ingénieuse pour faire face aux rigueurs du climat et aux maigres ressources alimentaires. Les Aléoutes n’ont jamais migré de leur territoire d’origine, les îles Aléoutiennes, depuis 6000 av. J.-C.

4.2. Amérique centrale  
Les sociétés archaïques de chasseurs-cueilleurs se mirent à cultiver des haricots, courges, potirons et maïs vers 7000 av. J.-C. En 2000 av. J.-C., les Mexicains cultivaient l’amarante, l’avocat, d’autres fruits et les piments. Ils commencèrent à bâtir des villes et de 1400 à 400 av. J.-C., la civilisation olmèque, sur la côte est du Mexique, fut à la tête d’une capitale abritant des palais, des temples et des monuments construits sur une immense plate-forme. De 450 à 600, Teotihuacan domina le Mexique, établissant des relations commerciales avec Monte Albán, centre urbain des Zapotèques, et les royaumes des Mayas qui s’étaient développés dans le sud-ouest du pays et avaient élaboré une écriture basée sur des glyphes.

Le talent des sculpteurs olmèques s'illustra notamment au travers de la réalisation de têtes géantes munies de nez épatés et de bouches aux coins tirant vers le bas. Les monolithes, taillés dans des blocs de basalte, offrent un précieux témoignage de la production artistique de la première civilisation méso-américaine, qui s'établit dans la région côtière du golfe du Mexique et qui se développa entre 1500 et 600 av. J.-C. environ.

En 1000, dans le centre du Mexique, une nouvelle civilisation — celle des Toltèques — étendit son empire dans la vallée du Mexique et à l’intérieur même du territoire maya de Chichén Itzá. Cet empire s’effondra en 1168. En 1433, la vallée du Mexique dominait à nouveau la majeure partie du pays à la suite d’une alliance entre trois royaumes voisins. Cette alliance permit de réunir l’ensemble du territoire que Montezuma Ier, roi des Aztèques, ne tarda pas à conquérir au XVe siècle. L’Empire aztèque prospéra jusqu’en 1519, date à laquelle le conquistador espagnol Hernán Cortés débarqua dans l’est du Mexique et marcha sur la capitale aztèque, Tenochtitlan. Des rivalités internes et une épidémie de variole affaiblirent les Aztèques, que Cortés soumit en 1521.

Unique cité précolombienne édifiée au bord de la mer, le site exceptionnel de Tulum domine la mer des Caraïbes à 136 km au sud de Cancún, dans l'État de Quintana Roo. Entourée sur trois côtés de murailles pouvant atteindre cinq mètres d'épaisseur, cette forteresse toltéco-maya date du classique tardif (entre le VIIIe et le XIe siècle) et a été le premier foyer entièrement urbain de la région méso-américaine décrit par les Espagnols. Comme la plupart des sites mayas, celui-ci était polychrome, avec des dominantes de rouge, de bleu et de blanc, encore visibles sur certaines parois.

À l’époque des premières conquêtes espagnoles, les peuples du Mexique comprenaient l’Empire aztèque et de puissants royaumes mixtèques ; les Tarasques ; les Zapotèques ; les Tlaxcalans ; les Otomís ; les Totonaques ; les sujets de l’État maya disparu de Mayapán au Yucatán et un certain nombre d’autres États mayas, plus petits et préservés, dans le sud ; plusieurs groupes indépendants dans les régions frontalières, comme les Yaquis, les Huichols et les Tarahumaras dans le nord du Mexique et les Pipils dans le sud. Après la conquête, les peuples amérindiens se retrouvèrent sous la domination de la société hispano-mexicaine et maintenus dans une condition paysanne.


La zone culturelle d’Amérique centrale était une région de villages agricoles cultivant le maïs, les haricots, la courge, l’amarante, et pratiquant l’élevage qui alimentaient d’importants marchés urbains. Les cités étaient décorées de sculptures et de peintures brillantes, illustrant souvent les symboles méso-américains de la puissance et du savoir : l’aigle, dieu des Cieux ; le jaguar, dieu de la Terre et le serpent à sonnettes, associé à la sagesse, à la paix et aux arts de la civilisation.

4.3. Amérique du Sud  

  4.3.1. Nord de l’Amérique du Sud et Caraïbes  Les peuples de cette zone vivaient dans de petits États indépendants et procédaient à un commerce direct avec le Mexique et le Pérou par voie maritime.

Les royaumes des Chibchas en Colombie étaient réputés pour la finesse de leurs ornements en or. Dans les Caraïbes, des groupes plus petits comme les Mískitos au Nicaragua, les Cunas au Panamá et les peuples arawak et caribes des îles Caraïbes cultivaient et pêchaient autour de leurs villages ; les Caribes peuplaient également le littoral du Venezuela. Ces peuples menaient une vie plus simple que les populations du nord des Andes.

4.3.2. Centre et sud des Andes  
De 900 à 300 av. J.-C., une civilisation, concentrée dans la ville de montagne de Chavín de Huantar, rayonna dans le nord du Pérou. Sa religion avait pour symboles l’aigle, le jaguar, le serpent (vraisemblablement un anaconda) et le caïman, symbole de l’eau et de la fertilité des plantes. Vers 300 av. J.-C., la civilisation de Mochica fit son apparition sur la côte nord du Pérou, celle de Nazca sur la côte sud. Toutes deux construisirent d’immenses systèmes d’irrigation, des villes et des temples tout en procédant à un commerce intensif, dont l’exportation de céramiques.

Ce couteau cérémoniel en or incrusté de turquoises, provient de la culture Chimú, particulièrement réputée pour ses travaux d'orfèvrerie. Il représente le roi-dieu Nam-Lap (de la dynastie Lambayeque) et utilise la technique du repoussé consistant à donner du relief au métal. Il est conservé au Musée national de Lima.

En 600 apr. J.-C., deux nouvelles puissantes civilisations émergèrent au Pérou : les Huaris dans le centre des Andes et les Tiahuanacus, plus au sud, sur le lac Titicaca, qui ne vécurent que quelques siècles ; après 1000, d’autres civilisations se développèrent, dont celle des Chimú dans le nord du pays. L’ensemble du Pérou fut finalement colonisé par une civilisation apparue dans le centre des Andes, à Cuzco ; il s’agissait des Quechuas, régis par le peuple des Incas. L’empereur inca de l’époque, Pachacuti Inca Yupanqui, entama l’expansion de son empire au XVe siècle. En 1525, celui-ci s’étendait de l’Équateur jusqu’au Chili et en Argentine. Lorsque le conquistador espagnol Francisco Pizarro débarqua au Pérou, il ne lui fut pas difficile de conquérir l’Empire inca dévasté par la guerre civile.

4.3.3. L’Amazonie  Parmi les nombreux petits groupes de cette zone culturelle peuplée vers 3000 av. J.-C., citons les Makiritares, Yanomamos, Mundurucus, Tupinambas, Shipibos et Cayapós. Les familles linguistiques arawak et caraïbe — parents linguistiques des peuples caraïbes — vivaient également dans la région nord de l’Amazonie. Les peuples de l’Amazonie ont préservé une grande part de leur mode de vie traditionnel mais assistent aujourd’hui à la destruction progressive de leur territoire par l’élevage, l’agriculture, l’exploitation du bois et les mines.

4.3.4. Extrémité de l’Amérique du Sud  Citons les peuples agricoles comme les Mapuche, vivant sur les terres cultivables, les peuples de chasseurs comme les Tehuelches vivant dans la partie de la pampa impropre à l’agriculture, ou plus au sud encore, près du détroit de Magellan, les peuples Ona, Yahgan et Alacaluf, se nourrissaient principalement de poissons et de crustacés tout en chassant les phoques et les lions de mer. Ces peuples nomades vivaient dans de petits wigwams. Les Indiens de cette région ne sont plus aujourd’hui qu’une minorité.

5. HISTOIRE DEPUIS L’ARRIVÉE DES EUROPÉENS  
Les premiers colons européens furent bien accueillis par les Amérindiens. Conscients d’avoir affaire à des êtres humains, ils les reçurent comme des membres d’une culture différente de la leur qui était plus tolérante et respectueuse des rythmes et de l’esprit de la nature.

Territoires indiens (USA)

5.1. Relations avec le pouvoir colonial
Les aventuriers et les colons espagnols convoitaient les terres des Amérindiens tandis que les prêtres et autres religieux en voulaient à leurs âmes. Finalement, ces deux « missions » entraînèrent la disparition de nombreux peuples indigènes du continent américain.

La situation des Amérindiens fut moins dramatique au Canada où les intérêts économiques français étaient centrés sur le commerce de la fourrure. Les Indiens constituaient de précieux fournisseurs de peaux. De plus, les Français cherchaient des alliés dans la guerre qu’ils menaient contre les Anglais qui, contrairement aux Français du Canada, s’installèrent en grand nombre sur le littoral atlantique des États-Unis actuels ; aussi considéraient-ils en général les Amérindiens comme un obstacle à leur installation.

5.2. Le ravage des épidémies  L’impact des épidémies importées d’Europe (variole, infections pulmonaires, troubles gastro-intestinaux) fut particulièrement fort en Amérique latine, où un grand nombre d’individus susceptibles de contracter ces maladies étaient concentrés dans des villes comme Tenochtitlán et Cuzco, sans parler des innombrables villes et villages éparpillés dans la campagne.

Face au déclin de la population indigène, les Espagnols effectuèrent des raids pour capturer des esclaves en Floride, pour renflouer la main-d’œuvre. Lorsque cela ne fut plus suffisant, ils importèrent des Africains de l’Ouest qui vinrent travailler dans les plantations de canne à sucre et les mines d’argent.

Les Amérindiens qui ne furent pas décimés étaient assignés, par village ou communauté entière, à un propriétaire terrien ou à un chef de mine. Ce système dit de l’encomienda constituait de l’esclavage pur et simple.

Les épidémies firent moins de ravages dans la forêt canadienne, où la plupart des Indiens vivaient en chasseurs-cueilleurs nomades. Les peuples agricoles qui vivaient dans des villages, comme les Hurons au nord du lac Ontario, furent cependant gravement touchés par des vagues d’épidémie à la suite de l’installation dans la région de missions jésuites.

5.3. Guerres et migrations forcées  Les relations entre les Amérindiens et les colons anglais aux XVIIe et XVIIIe siècles furent marquées par une série de guerres particulièrement atroces remportées par les Anglais. La plupart des Indiens des régions côtières de l’est partirent à l’ouest dans les Appalaches.

5.4. Relations avec les États-Unis  La politique des États-Unis envers les Amérindiens fut, dans les faits, impitoyable : guerres indiennes, déportations, massacres, dévastations des territoires et de leurs ressources, spoliation (Indian Removal Act de mai 1830, Homestead Act de 1862), alliances non respectées (l’Oklahoma, officiellement territoire des « Cinq Nations » en 1834, fut ouvert aux colons en 1889 et devint un État de l’Union en 1907). Les populations indiennes atteignirent leurs taux les plus bas au début du XXe siècle. En juin 1924, le Congrès accorda finalement à ces Américains d’origine la citoyenneté des États-Unis.

5.5. Amérindiens dans la société américaine contemporaine  
En 1990, le nombre d’Amérindiens, dont les Aléoutes et les Inuits, était de près de 2 millions, soit 0,8 p. 100 de la population américaine totale. De nombreuses tribus revendiquent désormais des territoires et initient diverses actions pour retrouver leurs droits et leurs terres.

5.6. Indiens du Canada  Près de 200 000 Amérindiens occupaient le territoire actuel du Canada lorsque les premiers Européens débarquèrent. Ces populations déclinèrent au cours du XIXe siècle, et les Amérindiens représentent aujourd’hui environ 2 p. 100 de la population canadienne et appartiennent principalement au groupe linguistique algonquien. Les autres familles linguistiques représentées au Canada sont l’iroquois, le salishen, l’athabasque et l’inuit (eskimo). Les Indiens sont divisés en 600 groupes ou bandes. Un projet fut instauré en 1991 pour la création d’une région d’une superficie d’environ 2 millions de km2 dans les Territoires du Nord-Ouest, appelée Nunavut (« notre terre » en inuktitut), et dont l’administration sera confiée aux Inuits en 1999.

5.7. Indiens d’Amérique latine  
La population indienne d’Amérique latine, estimée à 26,3 millions, dont 24 millions en Bolivie, en Équateur, au Guatemala, au Mexique et au Pérou, se trouve dans une pauvreté extrême, occupant des zones rurales isolées où elle tente de survivre en travaillant la terre. Les paysans indiens représentent 60 p. 100 de la population totale de Bolivie et du Guatemala. L’Uruguay est le seul pays d’Amérique latine dont la population indigène a totalement disparu. La majorité des Latino-Américains sont des « mestizos » (métis), issus de lignages amérindiens et européens.

Seulement 1,5 p. 100 de la population totale indienne d’Amérique latine est considérée comme tribale et elle est principalement regroupée dans les régions excentrées du bassin de l’Amazonie où elle vit de la chasse, de la pêche et de la culture du manioc et d’autres racines.

La plus grande tribu brésilienne non acculturée est celle des Yanomamos, qui compte plus de 16 000 individus.

La population indigène totale d’Amérique latine comprend un peu plus de 400 groupes amérindiens distincts, avec leurs propres langues et dialectes.

Les populations indiennes et métisses, souvent pauvres et tenues à l’écart des plus hautes sphères du gouvernement et de la société latino-américaine, se sont parfois réfugiées dans le radicalisme politique. Les gouvernements se sont vus dans l’obligation de prendre des mesures de répression contre les populations indigènes considérées comme des foyers de subversion, comme le Sentier lumineux au Pérou, ou les zapatistes du chiapas au Mexique.

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1. PRÉSENTATION  indiennes, guerres, nom donné aux conflits armés entre les Indiens autochtones et les Européens, au cours de la période d’exploration et de colonisation européenne. Ces guerres furent épisodiques et localisées.

2. PÉRIODE COLONIALE  
Les premiers contacts entre les colons européens et les autochtones furent en général pacifiques et leurs relations surtout commerciales. Les tensions et conflits étaient le plus souvent résolus par la négociation de traités. Cependant, dès la première moitié du XVIIe siècle, les Indiens furent expulsés par les colons anglais, qui avaient besoin de leurs terres pour s’installer. La guerre avec les Indiens de Nouvelle-Angleterre fut évitée jusqu’en 1637 ; la guerre des Péquots s’acheva alors par l’extermination presque totale de cette tribu. Il y eut d’autres conflits entre les Anglais et les tribus indiennes : avec les Naragansetts en 1643-1645 puis avec les Wampanoags. Les causes en étaient complexes, chaque côté accusant l’autre de violations des accords.

Tant que l’Espagne et la France furent présentes en Amérique du Nord, les différentes tribus eurent la possibilité de s’allier avec elles pour repousser les incursions britanniques sur leur territoire. Cependant, la défaite des Français devant les Anglais (1763) laissa ces tribus plus exposées que jamais à la puissance britannique. Cette même année, Pontiac, chef des Ottawas, prit la tête d’une confédération des tribus du bassin de l’Ohio et des Grands Lacs pour tenter de chasser les Britanniques de la région. Lorsque la France dut signer la paix avec la Grande-Bretagne, il resta seul et fut vaincu.

Au Sud, lorsque les premiers colons s’installèrent en Virginie, les tribus locales, sous l’autorité du chef Powhatan, furent d’abord amicales. Cependant, les Européens affirmèrent leur intention d’étendre leur colonie sur les terrains des autochtones. Le 22 mars 1622, les Indiens attaquèrent et tuèrent environ 350 colons. Ceux qui avaient survécu se vengèrent impitoyablement. La décennie qui suivit fut une période de guerre continue, suivie d’une paix fragile. Le 18 avril 1644, une autre attaque faillit détruire la jeune colonie qui compta presque 500 tués. La guerre s’acheva en 1646, lorsque le gouverneur, sir William Berkeley, réussit à capturer le chef indien.

L’expansion anglaise continua le long des rivières de Virginie jusqu’en 1675-1676, quand éclata la guerre indienne associée à la rébellion de Bacon. Les Indiens furent vaincus et les tribus de la côte ne regagnèrent jamais leur ancien pouvoir. En revanche, dans l’intérieur, les conflits ne s’apaisèrent pas.

Les Français du Québec et de la vallée du Mississippi livrèrent eux aussi des guerres à leurs voisins indiens, à l’exemple des Natchez. Dans la colonie néerlandaise de la Nouvelle-Hollande (actuellement les États de New York et du New Jersey), les Néerlandais se heurtèrent à plusieurs reprises aux Indiens. En 1655, les Indiens attaquèrent la Nouvelle-Amsterdam (New York), déclenchant un conflit qui dura jusqu’en 1664. Au cours de cette période, les Néerlandais assujettirent la plupart des tribus des Algonquins.

3. PÉRIODE RÉVOLUTIONNAIRE  
Lorsque débuta la guerre de l’Indépendance américaine, le gouvernement britannique et les révolutionnaires s’efforcèrent de préserver la neutralité des populations autochtones. Cependant, les deux adversaires se mirent bientôt à recruter des alliés parmi les nations indiennes. Dans le Sud, les Cherokees, les Choctaw et les Creek, qui soutenaient la cause britannique, furent écrasés par les Américains et leurs nouveaux alliés, les Espagnols.

En 1794, sous la conduite du lieutenant William Henry Harrison, les colons américains remportent sur le site dit de Fallen Timbers (sur lequel se situe actuellement la ville de Toledo dans l'Ohio) une bataille décisive contre les tribus indiennes animées par les indiens miamis. Le traité de Greenville négocié l'année suivante vient entériner l'amputation des territoires consécutive à cette bataille.

Le traité de Paris (1783), qui mit fin à la guerre de l’Indépendance américaine, ne mentionnait pas les Indiens. Les tribus indiennes des nouveaux territoires à l’ouest des Appalaches se soulevèrent lorsque les États-Unis tentèrent de les traiter comme des ennemis vaincus. En 1791, l’armée du général de division Arthur St Clair fut défaite par les Indiens près de fort Wayne (aujourd’hui en Indiana). Les forces du général Anthony Wayne finirent par écraser la tribu des Miamis dans l’ancien Nord-Ouest, à la bataille de Fallen Timbers, en août 1794, ce qui ouvrit la vallée de l’Ohio à la colonisation américaine.

Dans la période de l’immédiat après-guerre, les Creek et d’autres nations du Sud-Ouest tentèrent de sauvegarder leur autonomie par la négociation ou par la guerre, demandant parfois l’aide des Espagnols. Cependant, l’Espagne hésitait à prendre leur parti contre la puissance grandissante des États-Unis.

4. LA GUERRE DE 1812  
Que ce soit au Nord ou au Sud, les Indiens furent mêlés à la guerre de 1812 entre la Grande-Bretagne et les États-Unis. Dans l’ancien Nord-Ouest, Tecumseh, un chef Shawnees, et son frère exhortèrent les Indiens à revenir à leurs traditions passées. William Henry Harrison, gouverneur du territoire de l’Indiana, averti par Tecumseh, en 1810, qu’il ne devait pas permettre à la colonisation européenne de s’étendre, décida en 1811 de détruire le quartier général de ce dernier. Cette bataille devint un épisode de la guerre générale anglo-américaine et les Indiens se rangèrent bientôt du côté britannique. Tecumseh fut tué en octobre 1813 et son rêve d’unité s’éteignit avec lui. Après sa mort, les tribus Delaware, Miami, Ojibwé (ou Chippewa) et Wyandot firent la paix avec les Américains.

Dans la zone sud, la guerre débuta par un soulèvement des Creek à Fort Mims, dans l’Alabama. Les Indiens tuèrent presque tous les colons du fort, mais ils étaient irrémédiablement divisés en factions favorables ou opposées à la guerre. Le commandant de la milice du Tennessee, Andrew Jackson, en profita et, en mars 1814, ses forces remportèrent une écrasante victoire. Le traité qui suivit mit un terme à la puissance indienne dans le Bas-Mississippi.

5. LA DÉPORTATION DES INDIENS  
Le gouvernement américain usa systématiquement, au début du XIXe siècle, de la contrainte. C’est ainsi que fut adoptée la loi sur la déportation des Indiens de 1830, qui se traduisit par le déracinement de tribus de l’Est du pays et leur installation dans les terres situées à l’Ouest du Mississippi.

Le refus de certaines tribus à accepter la transplantation provoqua plusieurs guerres. À la même époque, les Cherokee furent expulsés de Géorgie, de même que les Creek vivant encore dans le Mississippi et l’Alabama. En Floride éclata la seconde guerre Séminole. Lorsque cette période s’acheva, dans les années 1850, il ne restait plus que quelques petits groupes d’Indiens éparpillés dans la moitié est des États-Unis.

6. LES GUERRES À L’OUEST DU MISSISSIPPI  
Des années 1840 aux années 1880, les forces américaines livrèrent de nombreuses batailles pour ouvrir la voie aux émigrants qui se dirigeaient vers l’Ouest et pour permettre au gouvernement d’établir son contrôle sur ce vaste territoire. Le gouvernement fédéral créa alors, un système de réserves où étaient cantonnés les Indiens.

La ruée vers l’or de 1849 fut un désastre pour les Indiens du Far West. Les Bannocks et les Shoshones de l’Orégon et de l’Idaho, les Utes du Nevada et de l’Utah, et les Apaches et Navajos du Sud-Ouest entreprirent une résistance organisée contre les spoliations mais finirent par être vaincus et parqués dans des réserves.

Le conflit majeur eut lieu dans les Grandes Plaines. Les restes de nombreuses tribus de l’Est s’entassaient dans ce territoire, ayant de grandes difficultés à s’adapter à un environnement si différent, tandis que les tribus originaires de la région s’irritaient de la présence de ces nouveaux venus.

Les Arapahos, les Cheyennes et les Sioux se battirent farouchement contre l’installation d’émigrants sur leurs territoires dans les années 1860 et 1870. Parmi tous les combats, la bataille de Little Big Horn fut la plus célèbre. Le 25 juin 1876, une grande partie du 7e régiment de cavalerie du lieutenant-colonel George A. Custer fut anéantie par les Sioux et les Cheyennes, commandés par Sitting Bull et Crazy Horse. Moins d’un an plus tard cependant, la plupart des Sioux et des Cheyennes s’étaient rendus. Seuls les Nez-Percés, jusqu’à la fin des années 1870, et Geronimo avec les Apaches continuèrent le combat jusque dans les années 1880. Les guerres indiennes s’achevèrent avec le massacre de Wounded Knee dans le Dakota du Sud, le 29 décembre 1890, au cours duquel des guerriers, des femmes et des enfants sioux furent abattus par la cavalerie américaine.

    (Sitting Bull)

Le second mandat du président Grant fut endeuillé par le désastre militaire de Little Big Horn. Le 25 juin 1876, lors d'une offensive du 7e régiment de cavalerie contre les Sioux et les Cheyennes sur les bords de la rivière Little Big Horn, dans le Montana, le lieutenant-colonel Custer et 264 de ses hommes périrent devant l'ennemi.

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1. PRÉSENTATION  réserves indiennes, étendues de terre qui, aux États-Unis, ont été réservées à la propriété et à l'usage de certaines tribus d'Amérindiens. Le terme vient des accords passés au XIXe siècle qui stipulaient que les tribus cédaient leurs terres au gouvernement américain en échange des parcelles qu'il « réservait » à leur usage.

Localisation des réserves indiennes aux États-Unis.

2. HISTOIRE  
En créant des réserves indiennes, le gouvernement pensait d'une part pouvoir éviter les confrontations entre les Amérindiens et les colons blancs à propos des limites de terrain et, d'autre part, confiner les tribus indiennes à des étendues où il serait possible de les surveiller, et (éventuellement) de subvenir à leurs besoins avec une aide fédérale. Les tribus étaient généralement libres de vivre à leur guise sur leurs territoires tant qu'elles restaient pacifiques. Toutefois, au fur et à mesure que la frontière américaine était repoussée vers l'ouest, les territoires des Indiens attirèrent de plus en plus les colons blancs qui considéraient que les Indiens empêchaient leur progression. En conséquence, les réserves perdirent de leur superficie ou furent déplacées vers des zones moins attrayantes.


Dans les années 1880, les zones réservées aux Indiens s'étaient réduites à une superficie de 53,4 millions d'hectares. Les Indiens éprouvaient des difficultés à vivre de leurs terres. De plus, leurs anciennes cultures avaient été anéanties au contact des Blancs. Pour remédier à cette situation, le gouvernement, par l'intermédiaire du Bureau des affaires indiennes, fit tout pour leur faire intégrer le mode de vie américain. Le plan visait à diviser les réserves en lots afin d'en attribuer un à chaque individu. L'idéal aurait été qu'ils mettent leurs lots en culture mais, au lieu de cela, bon nombre d'entre eux vendirent leurs parcelles ou les louèrent aux Blancs. Ainsi, en 1934, il ne restait plus qu'environ 25 p. 100 des terres qui leur avaient été réservées dans les années 1880.


Bien que la plupart des tribus possèdent la terre de la réserve, le gouvernement fédéral l'administre, en tant que mandataire. À ce titre, le gouvernement doit s'assurer que la terre est correctement gérée et qu'elle n'est pas détournée des propriétaires indiens.

3. RÉSERVES ACTUELLES : PROBLÈMES ET CONTROVERSES  
En éloignant les réserves des principaux axes du commerce blanc au XIXe siècle, le gouvernement fournit à certaines tribus une aubaine pour le XXe siècle, à savoir des sources d'énergie. En effet, quelques réserves des États de l'Ouest recèlent de riches gisements de charbon, de gaz naturel, d'uranium et de pétrole. L'une des controverses actuelles concernant ces réserves est de savoir s'il appartient aux tribus ou au gouvernement de contrôler l'accès à ces ressources. Dans le passé, le gouvernement, en tant que mandataire, contrôlait tous les accords conclus entre les tribus et les sociétés d'exploitation. À l'heure actuelle, les tribus revendiquent plus de pouvoir et de liberté dans la gestion de ces accords.

Bien que beaucoup d'Indiens considèrent leur réserve comme le seul moyen d'assurer la survie de leur culture, les réserves sont encore, pour la plupart, sous-équipées et leurs habitants comptent parmi les plus pauvres des États-Unis. Dans les années 1980, l'administration Reagan incita les réserves à adopter une politique de prise en charge et d'initiative individuelle en promouvant, notamment, le tourisme et la légalisation des jeux de hasard comme sources de revenus.

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