NOUVELLE-ZELANDE, ÎLE DU NORD: JOURNAL

  Question pour un champion : savez-vous quel lieu au monde offre la possibilité d’observer des cachalots, de nager avec des dauphins et des otaries en liberté toute l’année ?

-         Aux Açores ?

-         Non.

-         Aux Etats-Unis ?

-         Certainement pas.

-         Alors aux Paradis ?

-         Peut-être, mais je ne suis pas pressé d’aller visiter.

-         En Nouvelle-Zélande ?

-         Bravo, et plus précisément à Kaikoura.

                                                   

En effet, cette petite localité possède un biotope marin exceptionnel qui en fait l’unique lieu au monde où vous pouvez réaliser, entre autre chose, tout ce qui est mentionné dans la question à une demi-heure en bateau de la ville. Comme vous pouvez le voir sur la photo de la maquette géographique, Kaikoura se situe au bord d’une fosse marine atteignant plus de mille six cents mètres. De plus, c’est le lieu de rencontre d’un courant chaud du nord et froid du sud qui favorise le développement de la vie marine. Otaries, dauphins, oiseaux marins (entre autre l’albatros), manchots, mais aussi orques et baleines en tout genre y trouvent donc leur compte et c’est ainsi qu’années après années, des cachalots peuvent être observés quotidiennement. Ironie de l’histoire, ce sont ces mêmes mammifères qui font la richesse actuelle de Kaikoura qui ont été pourchassé sans pitié jusqu’au milieu de ce siècle. On croit rêver quant on lit les histoires des baleiniers du siècle passé qui pouvaient voir à perte de vue des baleines là où nous sommes heureux d’en apercevoir quelques-unes unes par mer calme … pour autant que l’on s’y soit pris à l’avance pour réserver sa place sur le bateau.

  Je ne suis resté que trois jours à Kaikoura après mes intenses aventures de pêche avec Silvio dans la région de Westport  et avant de quitter l’île du sud pour affronter l’île du nord. Ce court laps de temps m’a cependant permis de réaliser certains de mes rêves, à commencer par l’observation des cachalots. Pour une fois, j’ai eu de la chance avec le temps qui était clair et la mer calme. Il n’est probablement pas possible de transcrire ici l’ampleur de mes émotions. Les nuits précédentes, j’avais déjà de la peine à trouver le sommeil tant j’étais excité à l’idée d’une pareille rencontre. Vous imaginez à quelle vitesse je suis monté sur le ponton quand le capitaine a annoncé qu’une baleine était en vue. Et bien oui, un mégaptère (baleine à bosse ou jubarte) solitaire folâtrait à quelques vingt mètres du bateau sans trop se soucier de notre présence. Nous l’avons bien suivi pendant une quinzaine de minutes avant que le capitaine nous rappelle à nos sièges.

Après dix minutes de déplacements, ce fut le souffle d’un cachalot qui fut en vue. Un CACHALOT ! Vous rendez-vous compte. Combien parmi vous, avez déjà vu un cachalot de près ? Allez, levez la main … je vois … pas beaucoup. Et bien, si j’avais été plus courageux, j’aurais sauté à l’eau pour le rejoindre. Cela arrive assez fréquemment paraît-il. Pourquoi faire, me demandez-vous ? Mais pour danser avec, pardi !

 Plongé dans mes rêveries, j’écoutais à peine les explications du capitaine sur le comportement du cachalot, que de toute façon je savais déjà depuis mon enfance (mais vous pouvez toujours consulter la page des informations diverses). Il s’oxygénait ainsi en surface pendant dix à vingt minutes avant de plonger jusqu’à plus de mille mètres pour chercher sa pitance, à savoir d’énormes calamars. Cela doit donner lieu à des combats dantesques dont aucun être humain n’a encore été témoin. Quant il plongea à la verticale, il nous gratifia de la vision extraordinaire de sa queue qui émergea à la surface pour suivre une courbe harmonieuse en l’air avant de s’éclipser. Je vous recommande de regarder les photos avec toutes ces séquences tirées de mon film vidéo.  Après un tel spectacle, j’étais tétanisé.  Et dire que j’ai des ancêtres qui ont tiré au canon harpon sur ces tonnes de grâces ! Incroyable.

                            

Ce spectacle de la nature, qui à lui seul aurait justifié le prix de la tournée, c’est répété encore avec trois  autres cachalots. Puis, comme si cela n’était pas suffisant, nous nous sommes rapprochés d’un banc de dauphins et finalement nous sommes allés voir les otaries. Tout ça en deux heures et demi et sans aller au Zoo.

  Les deux jours suivant m’ont permis de me rapprocher des dauphins noirs et des otaries dans leur élément. D’abord avec deux plongées en un jour dans une eau d’à peine quinze degrés. Inutile de dire que les plongées, même avec une combinaison en néoprène, furent de courte durée. Cela reste néanmoins des expériences inoubliables par le type d’environnement marin constitué de grandes algues, l’absence de corail, l’observation de poissons fort différents des mers tropicales et surtout la proximité des otaries qui, très curieuses dans l’eau et nullement farouches, aiment à jouer avec nos bulles et se rapprochent parfois à un demi-mètre de nous.

                                     

Ce même type de rencontre s’est reproduit le jour suivant avec des dauphins et l’après-midi avec des otaries mais cette fois uniquement avec des palmes, un masque et un tuba. Nous nous mettions à l’eau à l’approche d’un banc de dauphins noirs qui sont connus pour être l’espèce de dauphin la plus joueuse et curieuse de sorte que si nous arrivions à les captiver de nos vocalises et frétillements, ils daignaient rester en notre compagnie pendant dix à quinze minutes à quelques mètres de nous. Je précise que ces mammifères (dauphins et otaries) n’ont jamais été nourris par l’homme et qu’ils réagissent ainsi selon leur nature.  Ces  rencontres n’en ont que plus de prix et, mon Dieu, que l’on se sent bien en leur compagnie. Je dis « on » parce que je n’ai jamais vu un touriste déçu de ces rencontres. Il n’y a pas de doute que c’est une expérience qui vous marque,  parfois à vie pour certains, et bien plus que l’accostage d’un compère dans un bistrot du coin. Mes mauvaises photos ne sont qu’un pâle reflet de ce que nous avons vu mais vous donnent  une idée de l’aventure.

 

TUTUKAKA et les ILES  DE  POOR  KNIGHTS.

Suite à mon séjour à Kaikoura, j’ai remonté la côte est vers le nord pour prendre le ferry-boat en direction de Wellington, la capital, où je ne me suis pas arrêté. J’ai poursuivi directement mon chemin jusqu’à Turangi où m’attendait mon guide de pêche pour les prochains jours, Ross Hamilton. Vous trouverez mes récits de pêche sur la page concernée. Depuis plus d’un mois, j’avais réservé ma place pour aller plonger au îles de Poor Knights. Cette exceptionnelle réserve marine présente, en effet, une très diversité de faune et de flore marine en raison de ses eaux tempérées (22 °C) et en fait une destination de plongée majeure et très visitée. Les îles sont en elles-mêmes intéressantes mais fermées au public. D’origine volcanique récente et d’un abord inhospitalier en raison de ses falaises, elles présentent, à petite échelle, un exemple du type d’environnement que les premiers Maoris ont découvert quand ils débarquèrent en Nouvelle-Zélande. C’est par exemple un sanctuaire pour le tuatara qui a disparu des deux îles principales en raison de l’introduction de nouveaux prédateurs comme le chat, le chien, l’hermine et d’autres encore.

Mais revenons à la plongée. Qu’y a-t-il donc de si différent aux îles de Poor Knights par rapport aux mers tropicales ? Premièrement, vous avez l’impression que le fond est mouvant en raison des algues alors que l’architecture corallienne est fixe et rigide. Deuxièmement les roches laissent entrevoir, par endroit, une richesse de coloration presque fluorescente que vous ne verrez pas dans les mers tropicales. Les poissons sont par contre beaucoup plus ternes mais de formes aussi variées que dans les mers chaudes. J’ai aussi eu l’impression de voir beaucoup plus de gros poissons (pastenagues, raies, kingfishs, snappers) que dans les mers tropicales.

                                             

En raison des mauvaises conditions climatiques et des vagues assez hautes, le capitaine nous a amenés tous les jours plonger  à l’arche nord que vous pouvez voir sur les photos. Etroite en surface, elle s’élargit à dix mètres jusqu’au fond à cinquante mètres. Il y a souvent du courant ce qui attire toute une gamme de poissons qui cherchent ici à se nourrir en limitant leur déplacement tout en bénéficiant de la protection de l’arche. Nous avons ainsi compté à chaque fois plus d’une trentaine de pastenagues qui aiment à remonter et redescendre à la verticale le long des parois ou se tenir dans le courant avec d’énormes snappers. C’est tout à fait prodigieux de se retrouver mêlé au milieu de ce balai dans une luminosité de clair-obscure que nous procure l’arche.

                                                         pastenague

J’ai aussi été très surpris de découvrir plusieurs espèces différentes de murène qui contrairement à celles des mers tropicales, se tiennent totalement à découvert la plupart du temps. La mer était aussi chargée par beaucoup de macro planctons.

                                                          murène grise

A propos, savez-vous pourquoi la couleur de l’eau est verte à Milford Sound ? C’est en raison d’une couche d’eau froide (9°C,  brrr) de pluie et donc non saline de un à deux mètres qui filtre différemment la lumière solaire. Les fonds paraissent plus pauvre en vie mais somme toute assez similaire à ceux de Tutukaka.

Les vrais bijoux des îles de Poor Knights  sont cependant  assez petits. Il s’agit des nudibranches nettement plus gros que leur homologues de mers chaudes puisqu’ils mesuraient environ dix centimètres et sont beaucoup plus colorés. Une des espèces porte d’ailleurs le nom fort justifié de « gem nudibranche ». Il n’était pas rare d’en voir plusieurs espèces en une seule plongée pour autant que l’on se donna la peine d’écarter les algues. J’en ai même surpris une en train de pondre en rosette sur le roc. Malheureusement mes photos de nudibranches n’ont rien donné. Il vous reste donc votre imaginaire sur la base des photos de nudibranches que vous pouvez trouver dans les « infos diverses ». Vous en verrez  également dans les prochaines éditions (Samoa-Fiji, Polynésie Française) mais ils sont de mers tropicales.

CONCLUSION

Mon passage en Nouvelle-Zélande constituait l’étape principale de la première partie de mon voyage. J’avais d’énormes attentes par rapport à ce pays et je peux dire aujourd’hui que je n’ai pas été déçu. J’ai rencontré par le biais de mes marches et de la pêche des gens courageux, ne craignant pas les efforts et les intempéries et surtout très respectueux de leur environnement. Les guides de pêche se sont tous montrés irréprochables et je suis sûr qu’ils ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour me faire partager leur passion et vivre d’intenses moments ensemble. Je les remercie tous ici chaleureusement. Tout ceci m’a donné une idée : et si un jour j’immigrai en Nouvelle-Zélande ? Après tout ils ont tout ce qui me convient pour vivre et j’ai vraiment l’impression que l’on peut réaliser des choses ici (acheter une maison par exemple) avec des moyens modestes que l’on n’ose même pas imaginer en Suisse. Ici, il y a de la place et leur culture n’est pas si différente de la nôtre, … excepté sur un  point sensible : ils n’ont décidément pas de fondue et ça, c’est impardonnable et de nature à me faire hésiter longtemps avant de me décider à quitter la Suisse !

 A bon entendeur, ciao!

K A  I  K O U R A


T U T U K A K A

Arche nord

 

 

black angelfish 

sandager's wrasse

red pigfish

 

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