SAMOA ET FIDJI: JOURNAL

                             

SAUTE-MOUTON  SUR  LA  LIMITE  DU  CHANGEMENT  DE  DATE

Avec un peu de recul, je constate qu’à plusieurs niveaux, j’ai vraiment vécu une étrange étape sans l’avoir cherché. C’était une vraie partie de cache-cache entre les îles et les fuseaux horaires et j’avoue m’y être perdu une fois, … mon agent de voyage aussi ! C’est ainsi qu’entre mon départ d’Auckland en Nouvelle-Zélande et mon arrivée à Papeete à Tahiti, la limite du changement de date a été franchie à trois reprises en un mois (cf. la carte ci-dessus). Pour compliquer les choses, les vols sont souvent à cheval sur deux jours et vous débarquez après minuit. Je vous donne un exemple concret : vous partez le 28 mars à 16h05 de Nadi (Fidji) et vous arrivez à 0h25 à Papeete (Tahiti) le 28 mars aussi ( !)  avec deux heures de décalage et une escale à Rarotonga (Iles Cook). Bien, jusqu’à là c’est encore simple. Mais maintenant, pour quel jour devez-vous faire la réservation d’hôtel ? Pour le 27 mars  alors que  le transfert de l’aéroport est le 28 mars ! Ne vous faite pas de souci, presque tout le monde se plantent, le fils de mes amis français qui nous a rejoint à Papeete aussi. Pour corser le tout, il arrive fréquemment que les vols soient retardés comme ce fut le cas à Samoa pour le vol à Fidji qui fut retardé de six heures sans que l’on m’en ait informé. Comme l’aéroport était virtuellement vide, j’ai sorti mon ordinateur et là, en plein milieu de cette espace déserté, j'ai écrit mon texte sur la Nouvelle-Zélande.

Mais ce n’est pas tout, car ce coin du Pacifique a été l’enjeu de petites guerres lors de l’expansion colonialiste du XIXème siècle. C’est ainsi que les Anglais et les Américains n’ont  pas trop apprécié quand les Français ont annexé les îles Marquises en 1842, puis les îles de la Société. Alors, ils se sont jetés sur ce qui restait, à savoir les îles Cook, Fidji et Tonga entre autres. Les Anglais avaient déjà fort à faire en Nouvelle-Zélande avec les Maoris, comme vous le savez maintenant, ainsi qu’en Australie. La petite et douce Samoa a finalement été déchirée en deux, après moult conflits entre Allemands, Anglais et Américains ; et la partie Ouest a été concédée d’un commun accord triparti à l ‘Allemagne alors que la partie Est est revenue aux Américains et l’est restée depuis. Pour plus de détails je vous laisse vous plonger dans la lecture des pages « infos pays » et « infos divers » et relire la partie sur l’Océanie dans l’« infos divers » de la Nouvelle-Zélande 1(île du sud).

Comme vous pouvez l’imaginer, tout ce charivari n’a pas été sans conséquence sur la mentalité de ces pauvres peuples indigènes, et c’est ainsi que vous retrouverez de la rigueur allemande chez les Samoans et de la bonhomie des Français chez les Tahitiens. Quant aux Fidjiens, ils n’ont jamais obéi qu’à leur chef, raison pour laquelle les Anglais ont acheminé des Indiens pour travailler (je suis d’accord que c’est un peu réducteur !). A mon niveau, ces spécificités culturelles se sont surtout fait sentir lors de la conduite automobile : à gauche en Nouvelle-Zélande, à droite à Samoa, puis de nouveau à gauche à  Fidji et re-à-droite à Tahiti. Pour l’instant, des prouesses d’adaptation mon permis d’éviter un accident ; mais en Équateur, je ne prendrai plus de risque et j’engagerai un chauffeur local !

 

           SAMOA          

Ce fut la révélation de ces premiers mois de voyage. Samoa la petite est vraiment grande de beauté avec sa jeunesse géologique que trahit ça et là des champs de laves partant à l’assaut de vagues fougueuses et zébrant les blanches plages. Elle est facile d’approche avec ses îles de petites circonférences mais suffisantes pour y accueillir un décor paradisiaque avec ses cocoteraies, ses chutes d’eau et ses recoins oubliés et secrets. Nul doute que ces caractéristiques n'ont déteint sur le caractère de ses habitants. Regardez donc leur maison et leur jardin, ce sont les plus beaux qu’il m’ait été donné d’admirer. Les églises, ou devrait-on dire cathédrales, sont proportionnels à la foi chrétienne des Samoans et présentent dans tous les villages. Partout vous verrez des enfants allant ou revenant gaiement de l’école dans leur costume respectif, et les habitants que vous croiserez sur la route vous salueront toujours avec de larges sourires. Chiens, cochons et volailles circulent en toute liberté dans les jardins et sur la route. Les bus sont peints de dessins humoristiques. Même la capitale, Apia, respire cette bonne humeur. Les gendarmes débonnaires en costume bleu ciel marchent dignement en sandales et ne vous en voudront pas trop de ne pas vous harnacher de la ceinture de sécurité. Vous n’êtes pas harcelé par des vendeurs trop zélés et vous avez de la place pour circuler et de l’espace pour respirer ! Vous n’êtes pas non plus agressé par une avalanche de publicités de l’industrie touristique. Non, on vient à Samoa pour se détendre loin d’un monde de plus en plus fou et se recentrer sur soi-même. Seul deux édifices sont à dynamiter : le fitness du coin qui est incongru dans un pays aux habitants si balaises, et l’unique Mac Donald particulièrement malvenu dans un pays qui lutte pour conserver son identité propre. 

Vous trouverez à la page « photos » des témoins de cette réalité. Je n’aime cependant pas prendre des photos de personne sauf des enfants qui se prêtent très volontiers à ce jeu. Généralement, les photos d’adultes sont prises à la dérobée par exemple en voiture (comme cette photo ci-contre de cette jeune femme en blanc se rendant à l’église) ou alors il s’agit de professionnels qui ont l’habitude d’être photographiés dans l’exercice de leur profession. Je vous raconte ici une histoire qui m’est arrivé en 1990 pendant mon stage de médecin à l’Hôpital Schweitzer à Lambaréné (Gabon):

Alors que je me reposais lors de la pause de midi, j’ai entendu des touristes qui commentaient la vétusté de ma chambre et l’ont photographié à travers le grillage. Ensuite, comme si de rien n'était, ils m’ont hélé pour me demander de poser en blouse blanche devant le bâtiment. J’avoue que je n’ai vraiment pas apprécié cette indélicatesse et j’ai bien dû faire une grimace. Je veux bien que cet hôpital soit également un lieu de visite pour quelques rares visiteurs mais que dire quand ils prennent sauvagement en photo une jeune femme (employée de l’hôpital) en train de se laver dans l’Ogooué* ? Je vous rassure, l’issue fut fatale pour l’appareil de photo (gros et cher paraît-il) qui a disparu dans les eaux boueuses du fleuve. Cependant, pour vous, à titre exceptionnel et à usage privé, cela va sans dire, je veux bien vous révéler quelques photos de cette époque que j’ai mémorisées dans mon ordinateur.

* Petite précision : l’Hôpital Schweitzer constitue une sorte de village puisqu’il y vit aussi bien les expatriés que les employés de l’hôpital avec leur famille sans oublier la famille du malade elle-même. C’était là une des idées novatrices de génie du Dr Albert Schweitzer que de ne pas séparer la famille de leur membre malade. Cette scène de cette femme se lavant dans la rivière devant l’hôpital était donc normal et quotidienne.

                           

« Le taux élevé de suicides constaté chez les jeunes et les jeunes adultes est un des côtés cachés des îles samoanes », peut-on cependant lire dans le guide Nelles (« les îles d’Océanie », texte de Michael Brillat, éd 1999, p122). Surprenant non ? Cette lecture m’a été confirmée par un expatrié ayant vécu plus de vingt ans à Samoa. Conflit de générations sur un fond de rejet de la culture samoane traditionnelle par les jeunes, ou est-ce que les parents font porter une trop lourde pression sur les épaules de leur progéniture comme l’analysait cet expatrié ? C’est un fait que les Samoans dépendent en grande partie des revenus que leur envoient leurs proches vivant à l’étranger et poussent au moins un de leurs enfants à émigrer. 

  Et moi, là-dedans, qu’est-ce que j’ai fait ? Je me suis soumis à un régime poussé d’une intense activité sportive que j’ai trop tendance à négliger : la re-la-xa-tion.

 Il était temps après toutes ces éreintantes activités nautiques et halieutiques des derniers mois. Je vous laisse imaginez ce que j’ai pu vivre pendant ces matinées dans les « beach fales » sur pilotis :

Réveillé par les premières lueurs de l’aurore après une calme nuit bercé par le roulis des vagues et la brise marine, je sors le temps d’un pipi et d’une photo pour aussitôt me rendormir. Il est encore si tôt et personne ne bouge dehors.

A neuf heures, l’odeur des crêpes fraîches me tire de mes draps. Mais dès le petit-déjeuné avalé, je retourne me réfugier dans les bras de Morphée. Il y a si peu à faire et les distances sont si courtes que j’ai vraiment tout mon temps.

Une heure est passée et il serait convenable de s’habiller mais un très léger spasme du cinquième orteil du pied gauche me rappelle mes levers matinaux pour partir pêcher et toutes ces marches harassantes en Nouvelle-Zélande et j’estime qu’il est plus prudent de me reposer encore un peu.

Voilà qu’un à peine audible crépitement me sort de mon demi-coma. Il doit bien être midi mais ces larmes du ciel viennent subitement me rappeler mon pays natal avec toutes ces affreuses nuits de garde et ces traumatiques levés matinaux … Alors je me dis que j’ai là tous les arguments pour m’octroyer encore une petite ronflette, au moins jusqu’à ce que la pluie s’arrête,… ce qui peut prendre du temps,

 

Ces « beach  fales » présentent aussi l’avantage d’être très bien fréquentés par beaucoup de jeunes voyageurs et j’ai eu là les meilleures occasions de faire des connaissances. En effet, nous mangeons sur place tous ensemble à la même heure et à la même table comme en famille ce qui facilite les rencontres. Il y avait notamment beaucoup de jeunes suédoises mais aussi quelques Néo-zélandais et Australiens. Tous voyageaient pour au moins six mois, en couple ou en solo. Je me rappelle surtout d’une soirée passée avec un jeune couple australien et quatre « beachcombers » (batteurs de grèves) surfeurs. Avec nos voyages, nous avions vraiment de quoi raconter des tas d’histoires que j’ai pu, pour ma part, accompagner d’un très apprécié diaporama grâce à mon ordinateur. Nous étions tous d’accord sur les bienfaits du voyage et nous avons refait le monde à moult reprises.

 

           FIDJI          

Fidji, pourtant si proche de Samoa, est toute différente de sa consœur. L’île principale (Viti Levu) est déjà six fois plus grande que Savai’i et le pays est constitué d’une myriade de petites îles (320). Les Fidjiens sont aussi quatre fois plus nombreux (803'000 hab. pour 225'000 hab. estimation 1998) avec une population très mélangée puisqu’il y a 49% de Fidjiens pour 46% d’Indiens ce qui a posé de sérieux problèmes dans un passé récent. Le paysage est aussi très particulier avec ces grands champs de cannes à sucre à la différence des cocoteraies de Samoa. L’industrie du tourisme y est très développée, parfois de manière démesurée comme à Pacific Harbour, mais alors qu’est-ce que cela coûte cher !! Fini les farnientes dans les fales, les rencontres, la relaxation, la place pour vivre et l’espace pour respirer. Les Fidjiens ont beau être aussi souriant et hospitalier que les Samoans, je n’ai pas été autant impressionné par le pays que Samoa. A part l’église de Naiserelagi, je ne les ai qu’à peine entraperçues, et les maisons et les jardins n’ont en rien le charme de ceux de Samoa. Je n’ai pas de parti pris et de compte à rendre à personne sinon qu’à moi-même de sorte que ce que j’écris là n’est que le reflet d’une impression toute personnel qui n’engage que moi. Il est vrai que Fidji souffre actuellement de son instabilité politique qui fait fuir le touriste. J’ai été navré de constater tant de lieu pratiquement à l’abandon, comme par exemple le centre culturel de Pacific Harbour, alors que cela devait sans nul doute être une attraction majeure d’un grand intérêt culturel pour le touriste.

A part un tour de l’île de quatre jours en voiture où j’ai visité certains musées et centres culturels ainsi qu'assisté à divers spectacles, l’événement principal de mon passage aux îles Fidji a été marqué par une croisière d’une semaine pour la pratique de la plongée sous-marine. Vous trouverez mon récit ainsi que les photos s’y rapportant à la page « croisière ».

S  A  M  O  A  

  

  

"beach fale"

     Apia

 

 

 

 

 

F  I  D  J  I

     Suva

Jardin du Sleeping Giant

  

Église de Naiserelagi

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